Et si l’exemple, en matière de retraites, venait du nord? Vous savez, ces pays scandinaves dont on loue souvent la prospérité, la stabilité et les prestations sociales.
La Suède et la Norvège connaissent un système flexible grâce auquel les travailleurs peuvent jouir de leur retraite dès, respectivement, 61 et 62 ans. Les femmes comme les hommes, bien entendu. L’idée étant de s’adapter aux réalités du monde du travail tout en encourageant les départs plus tardifs: celles et ceux qui peuvent ou doivent faire ce choix bénéficieront de rentes plus élevées.
Cela ressemble au modèle proposé par le Conseil fédéral dans sa réforme de l’AVS: une flexibilisation de la retraite entre 62 et 70 ans, couplée à un âge de référence unique de 65 ans. Les cotisations versées au-delà de ce seuil doivent permettre, là aussi, d’améliorer la rente.
«Seule une version équilibrée a une chance, au bout du compte, de convaincre le peuple dans les urnes.»
Si ce projet n’est pas parfait, il mérite mieux que le dépeçage auquel il semble promis au parlement. S’arc-bouter au statu quo (64 ans pour les femmes), comme le fait la gauche, compromet l’objectif d’assainissement du premier pilier de nos retraites. De même, la volonté d’une partie de la droite de sabrer dans les compensations prévues – une insulte faite aux femmes – est suicidaire. Seule une version équilibrée a une chance, au bout du compte, de convaincre le peuple dans les urnes.
Qu’on le veuille ou non, le temps presse. Car la démographie n’attendra pas. Au rythme actuel, l’AVS risque de sombrer dans les chiffres rouges à l’horizon 2030. Des sacrifices, mais aussi de nouveaux chantiers, seront nécessaires pour garantir un traitement correct aux futurs retraités.
Nul n’a envie de suivre un autre exemple venu du nord: celui du Danemark. Pour répondre au défi d’une population vieillissante, le petit royaume a dû se résoudre à augmenter l’âge du départ à la retraite de… 66 à 68 ans en 2030.
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Éditorial – Pour des retraites flexibles et réalistes
La réforme en discussion au parlement n’a guère le droit à l’erreur. Et si l’inspiration venait de Scandinavie?