Les commentaires sous les articles de journaux, en ligne, sont souvent navrants. Les sujets sur les loups dans le Jura n’échappent pas à ce constat. Certains y souhaitent que les «bobos-écolos-gauchos» se fassent bouffer tout crus lors de leurs promenades dominicales.
D’autres y enjoignent ces assistés d’éleveurs à fermer leurs mouilles puisque de toute façon, le bétail est promis à l’abattoir. Sur la Toile, on ne peut être que «pro» ou «anti», «citadin» ou «campagnard», blanc ou noir.
Occupés à affûter nos positions, nous oublions que nous n’avons, en fait, pas le choix. Les loups sont là et ils sont, pour l’heure, protégés. Comme le Covid, leur retour est un phénomène naturel avec lequel il nous faut composer.
Au fil des jours passés sur le terrain pour préparer la série publiée dans votre journal, nous avons rencontré de nombreux egos, virils pour la plupart, sûrs de détenir «la» vérité. Nous avons aussi découvert des blessures profondes.
Ce sont celles des paysans qui, initiative après initiative, attaque après attaque, se sentent laissés pour compte dans un monde qui change. En matière de gestion du loup, on aurait tort d’ignorer cette offense-là. Elle est fondamentale.
Suivre ce berger, c’est admettre que le loup est l’affaire de tous
Au milieu de ce pataquès, une voix se détache. Celle d’un berger, de ceux qu’on n’entend jamais. En 2021, François Duruz a gardé 200 bovins en plein territoire lupin. Et que dit-il? Que c’est possible. Que les solutions sont individuelles et locales. Et qu’il faut juste, parfois, commencer par faire un pas de côté par rapport aux habitudes.
Suivre ce berger, c’est admettre que le loup est l’affaire de tous, mais que certains sont plus touchés que d’autres par sa présence. Si le loup et l’homme, si proches dans leur fonctionnement, ont pu évoluer, c’est en partie grâce à la solidarité. Tâchons de ne pas l’oublier.
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Éditorial – Pour le loup, suivons le berger