Festival féministe et fémininPour Les Créatives, «la joie est une posture de résistance»
Codirectrice de l’événement genevois, Prisca Harsch évoque la place des femmes dans l’art, ainsi que le thème de cette 17e édition. Entre la gravité des sujets abordés et l’humour des artistes, la joie donne la direction.

Des «boulets de canon», des «mauvaises herbes», «Les secrets d’un gainage efficace»… Les intitulés parlent d’eux-mêmes: aussi bien les thématiques abordées par Les Créatives restent sérieuses et graves – ainsi les violences domestiques, le racisme et on en passe – aussi bien le festival cultive ce sens de la formulation qui évite que tout finisse dans une peinture décourageante de notre société.
Pour cela, Les Créatives n’ont pas oublié d’être drôles et d’avoir du fun. C’est donc en toute logique que la bande fait péter un bouquet de fleurs colorées sur son affiche, avec un bras aux ongles effilés sortant d’une voiture. L’image répond à l’injonction de cette 17e édition: en 2021, on veut de la joie.
D’Yseult à Bonnie Banane
«La joie est une posture de résistance dans cette période on ne peut plus compliquée», commente Prisca Harsch. Après avoir programmé les arts vivants pour Antigel, pendant huit années, la chorégraphe et danseuse de métier a rejoint en mars la direction des Créatives auprès de Dominique Rovini. «Oui, aux Créatives, on y rit. Surtout, on y agit, beaucoup.»
À la veille d’une ouverture qui s’annonce grandiose, avec le concert de la chanteuse Yseult, en vedette mardi 16 novembre à l’Alhambra, en attendant Camélia Jordana, Arlo Parks, Bonnie Banane, Cassandra Jenkins, Natalie Bergman côté musique, et le théâtre, et la danse, et les performances (du catch féminin? À voir dans la salle des armures du MAH), Prisca Harsch rappelle combien «les lignes, en matière de production artistique, d’emploi, de reconnaissance, bougent, certes, mais pas assez vite».
«Lorsqu’il faut trouver des aides financières notamment, les jeunes artistes se sentent moins complexées.»
Est-ce générationnel? Les plus jeunes artistes sont-elles plus en avance? «Prétendre à de meilleures conditions de travail, à des aides financières, revendiquer ne serait-ce qu’une légitimité pour son travail, tout cela, en effet, s’avère plus évident pour les plus jeunes, qui se sentent moins complexées, ainsi portées par la suite du mouvement #MeToo.»
Pas un hasard si la moyenne de l’équipe du festival tourne autour des 25 ans. «Ce sont des femmes concernées, au fait des enjeux actuels du féminisme. Ce sont également des femmes qui travaillent en réseau, avec la France et la Belgique notamment.»
«Boulets de canon»
Pour autant, il n’y a pas de recette toute faite, prévient Prisca Harsch, pas de festival féministe qui serait irréprochable du point de vue parité, engagement, ou théorie. C’est le credo de la maison, Les Créatives ne prennent pas parti pour une idéologie en particulier, mais préfèrent donner à chacune un espace pour l’expression et le débat.
Ainsi de l’importance des forums, des tables rondes, sous la responsabilité de Laila Alonso Huarte. Cette année notamment avec ORLAN, plasticienne française, dont le propre corps constitue le chef-d’œuvre. Ce sera pour les «boulets de canons», pour parler «beauté, normes, rapports de pouvoir et dominations», le 23 novembre au Théâtre Saint-Gervais. Un rendez-vous à ne pas manquer parmi cent autres des Créatives.
17e festival Les Créatives, du 16 au 28 novembre, divers lieux à Genève, également à Lausanne et Bâle.
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