Seul en scènePour Océan, on ne naît pas homme, on le devient
Le comédien et humoriste sera sur la scène des Mystères de l’UNIL pour dévoiler son futur seul en scène, actuellement en cours d’écriture.

Dans «La lesbienne invisible», Océan décrivait le parcours contrarié d’une jeune femme dont personne ne croit à l’homosexualité. Puis dans «Chatons violents», il s’intéressait aux «BBB» – «bons, blanc, bobos» – débusquant chez eux le politiquement correct et les préjugés.
De passage aux Mystères de l’UNIL le 4 juin, le comédien et humoriste présentera les contours de son futur seul en scène, actuellement en création. Un spectacle qui portera sur son changement de genre. «Je pensais d’abord l’appeler «On ne naît pas homme, on le devient, mais je penche à présent plutôt pour «L’infiltré». Même si l’emprunt à Simone de Beauvoir résume bien mon sujet: «devenir homme», c’est définir quel homme on a envie de devenir. Et proposer des masculinités alternatives, non oppressives. Des modèles qui déconstruisent les codes traditionnels et les idées reçues.»
Entre-soi dérangeant
Comme celle selon laquelle les hormones influenceraient les comportements masculins et les pulsions sexuelles irrésistibles. «Quelle arnaque! En tant qu’homme trans, j’ai un niveau de testostérone sept fois plus élevé qu’un homme cisgenre (ndlr: dont le sexe assigné à la naissance correspond au genre ressenti). Je n’ai pourtant jamais insisté lourdement auprès d’une partenaire pour du sexe alors qu’elle n’en avait pas envie!»
«Avant de me retrouver dans des espaces masculins, comme les salles de sport, je pensais y découvrir la violence des hommes entre eux… Ce ne fût pas le cas.»
Comme dans ses précédents spectacles, Océan partagera avec le public des anecdotes qui ont jalonné son parcours de transition. «Avant de me retrouver dans des espaces masculins, comme les salles de sport, je pensais y découvrir la violence des hommes entre eux… Ce ne fut pas le cas. Au contraire, il y règne une grande solidarité qui repose sur la discrimination du féminin et la domination masculine. En passant de l’autre côté du miroir, au moins en apparence, je me retrouve régulièrement pris à partie dans une connivence sexiste, le plus souvent sous forme de blagues problématiques, qui me faisaient – et me font toujours - souffrir. Être pris dans cet entre-soi me dérange, mais s’avère aussi très intéressant à observer de l’intérieur.»
Alors que les femmes se comparent et se jugent, les hommes se soutiennent, se trouvent beaux, constate Océan. «C’est fou la différence que le rapport au corps fait à la confiance en soi.» Pour autant, il n’adhère pas à cette masculinité. «Je ne peux pas m’identifier à eux: toute leur construction psychique autour de la domination m’est complètement étrangère.»
Océan note encore qu’avoir un corps d’homme permet de s’autoriser la colère. Un sentiment «interdit» aux femmes selon lui, parce que disqualifiant et synonyme d’un manque de maîtrise de soi. «Ma colère peut à présent se déployer et se faire entendre.»
Dimanche 4 juin à 15 h 15 à l’UNIL, sur inscription sur wp.unil.ch/mysteres
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