Le retour d’une icônePour renaître, Grapillon va s’associer à Opaline
Le jus de raisin de la maison Schenk avait disparu en 2016. On le retrouvera cet automne grâce à la petite entreprise bio et éthique.

C’est la rencontre entre une star d’hier et une vedette de demain. D’un côté, l’icône Grapillon, créée après-guerre par Arnold Schenk, pour offrir des bons sucres à une population qui avait vécu des carences alimentaires. De l’autre, la jeune Opaline, à peine 10 ans, et ses jus bios et éthiques. Il fallait bien cette petite jeunette pour redonner vie à une boisson qui avait disparu des étals depuis 2016, malgré une tentative de rénovation en 2009.
C’est l’idée de François Schenk, petit-fils d’Arnold et arrière-petit-fils de l’ancêtre Charles, aujourd’hui administrateur du groupe viticole. «Mon grand-père avait créé le Grapillon dans un esprit novateur. Aujourd’hui, le groupe est très grand, axé uniquement sur le vin. Il fallait faire ce renouveau dans une ambiance un peu commando, start-up. Ce qu’incarne Opaline, également dans les valeurs locavores et éthiques que nous voulons donner à la marque.»
Moderniser le goût
Ce qui faisait la force de la boisson au jus de raisin à sa création, cette concentration de sucre et ce goût un peu pâteux, n’est plus ce que recherchent les consommateurs d’aujourd’hui. «Même si c’est le meilleur des sucres, explique Ludovic Orts, un des deux fondateurs d’Opaline, Grapillon est devenu trop doux pour les gens. Il fallait l’alléger, lui donner du pétillant pour le rendre plus digeste.» «Plus désaltérant et plus festif», ajoute François Schenk qui partage avec l’équipe d’Opaline une bonne humeur communicative. La nouvelle formule lancée en 2009 ne contenait plus que 50% de jus et était légèrement gazéifiée. Mais sa distribution n’a jamais vraiment percé dans le public.
«On se rejoint sur les codes de communication, sur le lien à la terre, sur l’envie de créer des ateliers», affirme Sofia de Meyer, la créatrice d’Opaline. C’est ainsi que le nouveau Grapillon, dès cet automne, ne sera fabriqué qu’avec des raisins suisses, qui plus est sur des parcelles clairement définies. Deux vaudoises, dont une au Domaine de Autecour, à Mont-sur-Rolle, une genevoise du côté de Satigny, une valaisanne à Chamoson. «Le parcellaire est important: le travail à la vigne doit être respectueux de l’environnement et différent que si on y produisait du vin.» Il pourrait y avoir moins de limitation de rendement, donc une matière première un peu moins chère. En laissant la vigne produire davantage, le taux de sucre a également tendance à baisser.
Produire en une fois
Le premier problème de Ludovic Orts, qui fait les essais et les recettes, c’est la saisonnalité du fruit. On peut conserver facilement des pommes pour les presser plus tard dans l’année. Le raisin, lui, se presse après les vendanges, un point c’est tout. Il faudrait donc produire pour une année. «Nous testons des méthodes de conservation naturelles du moût mais…» Les essais, aujourd’hui, sont convaincants même si Ludovic Orts veut encore affiner. Et il se pose toujours des questions: «Nos Opalin (ndlr: limonades créées face aux sodas industriels) sont faits pour être bus directement à la bouteille. Dès que vous versez dans un verre, l’expérience est différente. Comment les Grapillon seront-ils consommés?»
Et quelle quantité prévoir pour cette année de (re)lancement? «C’est une gageure, avance Sofia de Meyer, mais nous allons nous baser sur les précommandes de notre réseau. Et nous allons aussi vendre en Suisse alémanique à travers un distributeur.» Cet automne, donc, la première production sera d’environ 100’000 bouteilles, pour les deux premières versions, le blanc et le rosé. Pour le rouge, il faudra encore attendre un peu. «Comme le jus ne macère pas dans les peaux pour lui donner de la couleur, il faut trouver des raisins à pulpe rouge, explique Ludovic Orts. Ils sont plus rares.»
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