Pour une numérisation sociale
Vania Alleva d'Unia prend la défense des travailleurs dans ce bouleversement de société.
La numérisation n'est pas une calamité. Ce n'est pas non plus la panacée. La semaine dernière, lors du «digital day», les médias romands nous ont rebattu les oreilles des innombrables vertus de ce phénomène. Gain de temps, simplifications des procédures, merveilles de la science, progrès…
La numérisation était à longueur de colonnes et d'émissions présentée comme un processus inexorable, incontestable, et éminemment positif.
Or, la numérisation entraîne des changements considérables dans notre vie quotidienne, mais aussi – c'est l'évidence – dans l'économie et le monde du travail. Alors, pourquoi passer cela sous silence?
Lorsque nous faisons nos courses au supermarché, nous voyons bien qu'une partie des caisses est désormais remplacée par une machine où on peut scanner ses achats. Gains de temps (peut-être, si tout fonctionne…) pour le consommateur, mais question essentielle aussi: qu'est donc devenue la caissière?
Les grands distributeurs prétendent que ce système n'entraîne pas de suppression de postes. Admettons.
Mais l'employée a-t-elle eu droit à une formation pour se reconvertir? Ce nouveau travail lui convient-il autant que le précédent? Ses horaires ont-ils changé? Son salaire a-t-il augmenté, puisque son employeur a amélioré la productivité, et donc réalisé une opération profitable avec ce changement? Il faut arrêter de se voiler la face.
Le monde du travail est en pleine révolution, et cela doit être accompagné de mesures claires et fortes en faveur des salarié-e-s. Donc cela doit être négocié dans les conventions collectives de travail, mais aussi discuté dans le cadre d'un grand débat politique.
Piloter et réglementer la numérisation, c'est également indispensable dans le domaine des plates-formes en ligne, où certaines entreprises – comme Uber, dans le domaine du transport – tentent d'échapper à leurs obligations d'employeurs et pratiquent le dumping.
Ou encore pour protéger la santé et la vie privée des employé-e-s: la numérisation augmente les possibilités de contrôle, et le développement du télétravail efface toute frontière entre vie privée et vie professionnelle.
La numérisation doit servir aux individus, pas seulement aux entreprises. Le progrès technologique doit être utilisé pour simplifier le travail et la vie des gens.
Les salarié-e-s doivent profiter eux aussi des gains de productivité, par des augmentations salariales ou une réduction de temps de travail. Pour cela, il faut des conventions collectives de travail plus fortes, des investissements massifs dans la formation professionnelle et continue, et un combat résolu contre le dumping social. Bref, un engagement clair pour une numérisation sociale.
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