Pourquoi la prudence s'impose sur la naturalisation facilitée
Les sondages montrent un avantage pour les partisans de la révision. Mais l'histoire tempère l'enthousiasme. Analyse

La naturalisation facilitée des étrangers de la troisième génération séduit les électeurs. C'est en tous cas ce que prédisent les deux sondages publiés aujourd'hui en vue du scrutin du 12 février. L'enquête de Tamedia révèle un oui à 55%, alors que celle de l'Institut gfs.bern réalisée pour le compte de la SSR l'évalue à 66%. Mais attention, outre le pourcentage, il y a une différence de taille entre les deux sondages, c'est la tendance. Alors que Tamedia montre une certaine stabilité, gfs.bern note un trend négatif. Les partisans ont perdu 8 points en un mois, c'est énorme. Et cela montre surtout que l'effet de la campagne d'affichage des opposants - la femme en burqa - a peut-être porté.
Sur un sujet aussi délicat que la naturalisation, les sondages ont toutes les peines du monde à bien sentir l'électeur. La preuve avec les dernières votations sur ce thème. En 2004, le peuple s'est prononcé sur deux objets qui se rapprochent du scrutin actuel, même s'ils allaient beaucoup plus loin. Le premier voulait offrir une naturalisation facilitée aux étrangers de la deuxième génération déjà, alors que le second prévoyait la naturalisation automatique de la troisième. Après des sondages extrêmement positifs, les deux propositions s'étaient cassées la figure en votation. Il faut dire que la campagne avait été tendue avec notamment l'affiche des mains de couleurs qui tentaient de s'emparer du passeport rouge à croix blanche. Rapide coup d'œil dans le rétroviseur.
Pour la naturalisation facilitée de la deuxième génération, gfs.bern avait évalué - un mois avant la votation - un oui à 68%. Deux semaines après, les partisans n'étaient plus que 53%. Le jour du scrutin, le non l'emportait massivement à plus de 56%. Pour la naturalisation automatique de la troisième génération, le schéma est plus ou moins le même. 75% de oui lors du premier sondage, 64% lors du deuxième. Au final, un non à près de 52%.
En 2004, le faible engagement des milieux économiques et des partis bourgeois dans la campagne avait été mis en avant. Les mêmes reproches sont entendus aujourd'hui. De là à dire que le même sort sera réservé à la naturalisation facilitée, il y a un pas qu'on ne peut pas encore franchir. La révision soumise au vote le 12 février va moins loin que les deux premières tentatives. Un oui du peuple est donc toujours possible. Mais comme l'objet doit obtenir la double majorité, la naturalisation facilitée pourrait bien échouer devant les cantons. Le suspens reste entier.
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