Imaginons un bon vieux troquet avec la «Julie» sur le comptoir et un habitué penché dessus qui lâche avec exaspération un «encore un article sur ces zadistes». Et il n’aura pas forcément tort.
Seulement voilà, ces activistes climatiques plus qu’engagés, ceux qui ont choisi la voie de la désobéissance civile, voire du sabotage symbolique, ont peut-être bénéficié d’une couverture médiatique que d’aucuns estimeront disproportionnée. Mais ils viennent de trouver une nouvelle «zone à défendre». Après le Mormont et les autoroutes, voici les pistes de ski, les canons à neige et les stations. Un nouvel inédit en terres vaudoises.
Parmi les multiples missions d’un titre comme le nôtre, il y a celle de documenter ce qu’il y a derrière l’actualité pure. Il y a un enjeu – un défi même – à saisir ces mouvements qui se veulent insaisissables, multiples et diffus, qui vont jusqu’à la clandestinité. Les tracts peints sur un morceau de bois ou les messages cryptés entre militants ne finiront probablement pas dans un musée ou dans des archives publiques, alors que l’un des slogans de ces militants demeure «le temps nous donnera raison».
Indépendamment du côté condamnable de leurs modes d’actions, ces révoltés du climat s’inscrivent pourtant déjà dans l’histoire de notre canton. Ne serait-ce que parce qu’ils ont réussi à faire réagir une société dans son entier. Lointains descendants des premiers écolos en salopettes, cousins des Indignés ou d’autres, ils incarnent qu’on le veuille ou non les questions et les doutes de toute une génération. À laquelle viennent s’agréger d’autres convaincus de la justesse de la cause.
«Le système» ne leur donne pas la parole? La voici, comme nous la donnerons demain à ceux qui incarnent ici l’économie du ski.
Il est évidemment encore trop tôt pour savoir à qui «l’histoire donnera raison». Mais «24 heures» aurait tort de ne pas incarner les débats qui sont ceux de notre époque.
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Éditorial – Pourquoi nous donnons la parole aux saboteurs des neiges
Diffuser le témoignage d’activistes ne revient pas forcément à vouloir leur donner de l’ampleur. Ce qu’ils incarnent doit en revanche servir à l’histoire de notre époque.