Sur le papier, le plan de Vladimir Poutine est glaçant. Organiser des référendums de rattachement à la Russie dans quatre régions d’Ukraine occupées par les troupes russes. Entériner juridiquement ces annexions. Et répliquer par tous les moyens, y compris nucléaires, à toute attaque contre ces territoires désormais russes. Ce qui revient à transformer l’invasion de l’Ukraine en une guerre défensive.
Ce n’est pas la première fois que le président russe menace les Occidentaux de recourir à l’arme atomique. Son instrument de terreur favori lorsqu’il est dos au mur. À chaque fois se pose la même question: est-il acculé au point de mettre sa menace à exécution? Certes, ses troupes sont en difficulté sur le front, son armée a des problèmes de logistique et manque de munitions, son économie souffre des sanctions et son isolement diplomatique s’accélère. De quoi rendre plausible le scénario d’un recours à l’arme nucléaire – tactique en tout cas – pour reprendre l’avantage sur le champ de bataille.
«Vladimir Poutine sait que le front antioccidental rétrécit. La Chine, l’Inde, la Turquie le poussent à mettre fin au conflit, source de chaos mondial.»
Mais cette fuite en avant militaire n’est pas inéluctable. Et Vladimir Poutine n’est pas dépourvu de toute rationalité. Il peut tracer de nouvelles frontières à coups de référendums, mais il ne peut pas convaincre la majorité des Russes de donner leur vie pour Kherson ou le Donbass. Il a donc renoncé à décréter la mobilisation générale, alors que la perspective d’être envoyé sous les drapeaux fait déjà fuir des milliers de jeunes Russes. Poutine sait aussi que le front antioccidental rétrécit. La Chine, l’Inde, la Turquie le poussent à mettre fin au conflit, source de chaos mondial.
Vladimir Poutine n’est pas dans une position si désespérée qu’il doive briser le tabou de l’arme nucléaire. L’armée russe ne s’est pas encore effondrée et son pouvoir n’est pas menacé. Autant de raisons de ne pas céder à la panique, ni à son chantage atomique.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Éditorial – Poutine, stratège de la peur
Le président russe brandit à nouveau la menace de l’arme nucléaire face aux Occidentaux traités d’agresseurs. La fuite en avant atomique n’est pas inéluctable.