Aéroport de GenèvePremières condamnations dans le cadre de l’affaire de corruption
Deux protagonistes ont été notamment reconnus coupables d’acceptation d’un avantage, blanchiment et faux dans les titres.

L’enquête autour du scandale de corruption qui a touché Genève Aéroport, révélé par la «Tribune de Genève» en 2019, touche à sa fin. Deux ordonnances pénales, que nous avons pu consulter, ont été rendues en décembre. Elles annoncent la condamnation de deux protagonistes secondaires de l’affaire, pour acceptation d’un avantage, blanchiment d’argent et faux dans les titres, comme le relate le site Gotham-City ce jeudi matin.
Pour rappel, en mai 2019, le chef de la sûreté de l’aéroport et le gérant d’une société mandatée par Cointrin (active dans la formation) ont été arrêtés par la police genevoise. Le premier est soupçonné d’avoir reçu des pots-de-vin du second, qui n’est autre que son ex-associé.
Les ordonnances rendues confirment ces faits: l’enquête pénale qui a suivi les arrestations a conclu qu’un «pacte de corruption» avait été établi entre les deux principaux protagonistes, «visant à octroyer plusieurs mandats de service» en échange «d’avantages indus correspondant à la moitié des bénéfices générés par l’activité de la société». Au total, entre 2012 et 2019, les montants échangés dépassent les 450 000 francs, indiquent les documents.
«Au total, entre 2012 et 2019, les montants échangés dépassent les 450 000 francs»
L’une des deux personnes condamnées en décembre est l’adjoint au chef de la sûreté. L’homme a annoncé avoir reçu des sommes d’argent de l’entreprise incriminée «pour des motifs qu’il n’a pas été en mesure de justifier», pouvait-on lire dans le recours contre son licenciement, qu’avait relaté la «Tribune de Genève» en novembre. Il admettait avoir établi «une fausse facture» pour des «raisons fiscales». On lui reproche aussi d’avoir signé le PV de la procédure d’adjudication du marché de la sûreté, en 2018, alors qu’il n’était pas présent.
La justice a conclu que l’argent qu’a reçu ce cadre «paraît avoir été versé dans le seul but de continuer à remercier le prévenu pour son comportement favorable» à l’égard de la société incriminée. Malgré ses justifications, l’ex-employé est condamné à 90 jours-amendes avec sursis et à une amende immédiate de 1000 francs.
Jours-amendes avec sursis
Un proche des protagonistes a aussi été condamné pour avoir mis à disposition un compte bancaire afin qu’ils puissent transférer de l’argent provenant de leurs échanges, «par souci de discrétion», indique l’ordonnance pénale.
«Il ignorait l’origine de cet argent mais connaissait l’existence d’un arrangement» entre les deux prévenus, relève le document. L’homme a été condamné à 180 jours-amendes avec sursis et une amende immédiate de 3600 francs, pour faux dans les titres et blanchiment d’argent.
L’acte d’accusation concernant les deux principaux acteurs n’a pas encore été remis aux parties, selon nos informations. L’affaire avait été révélée grâce à un lanceur d’alerte, qui mène un combat en justice contre l’Aéroport depuis.
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