Leurs noms ne vous diraient rien. Ce sont d’humbles citoyens qui passent une bonne partie de leur temps libre à faire fonctionner les collectivités locales. Des «vrais» parlementaires de milice qui sacrifient certaines de leurs soirées dans des commissions ou en plénum pour débattre des petites et grandes choses qui font le vivre-ensemble. Pour des clopinettes et sur des sujets pas toujours très excitants. C’est en quelque sorte la Suisse d’en bas de la politique.
À Prilly, ce mardi soir, deux d’entre eux sont sortis du lot. Ils auraient pu se contenter de suivre le mouvement. Celui imprimé par une vingtaine d’élus bourgeois qui quittaient pour la seconde fois en quelques jours la grande salle de l’Ouest lausannois au moment de voter sur un droit de préemption à 62 millions. Mais ils sont restés. Permettant ainsi au quorum d’être atteint de justesse tout en sachant qu’ils allaient faire perdre leur parti. Cela s’appelle le respect de la majorité.
«C’est en quelque sorte la Suisse d’en bas de la politique.»
Ils ont ainsi refusé d’être des idiots utiles d’une minorité malgré une atmosphère lourde. Minorité incarnée par un syndic PLR qui vit visiblement mal le fait d’être isolé au sein d’une Municipalité où il a souvent et longtemps fait la loi. Mais ces deux élus de droite ont choisi de ne pas faire dans une démagogie bien peu en phase avec les valeurs et les vertus de notre démocratie directe décentralisée.
La question n’est pas de savoir ici si la vente de ce terrain à une coopérative - pour en faire des habitations à loyers abordables - plutôt que de céder à des investisseurs privés correspond à la lettre à la L3PL. Ce sera probablement à la justice de trancher pour savoir si les procédures et l’esprit de la loi ont bien été respectés.
Mais on ne lâche pas une assemblée pour faire capoter un projet avec lequel on n’est pas d’accord. En France, ce sont les extrémistes insoumis ou du Rassemblement national qui quittent l’hémicycle pour empêcher un vote. Des politicailleries indignes d’élus du peuple.
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Éditorial – Prilly, ton univers impitoyable