«Pause». La réforme de la justice sera adoptée au parlement après les vacances de Pâques. Benyamin Netanyahou gagne du temps face aux foules qui se mobilisent pour «Sauver la démocratie» et dire «Non à la dictature». Un sursaut du pays face à la dérive illibérale du gouvernement. Il était temps. Depuis l’assassinat d’Itzhak Rabin en 1995, on n’avait pas observé une telle mobilisation des Israéliens, enfermés depuis des années dans une léthargie irresponsable.
Il aura fallu le coup d’État judiciaire de Benyamin Netanyahou et de ses alliés ultranationalistes et ultrareligieux pour voir l’opposition défendre des valeurs et un mode de vie – libéral, laïc, ouvert sur le monde – menacés par la prise de pouvoir de l’Exécutif et de la Knesset sur la Cour suprême; des réservistes de l’armée refuser de «sacrifier leur vie pour une dictature»; des employés de la high tech craindre pour l’essor économique du pays; la puissante centrale syndicale Histadrout appeler à une grève générale; les juifs américains critiquer «la vision suprémaciste juive» du gouvernement israélien.
Où étaient ces ardents défenseurs de la démocratie pour dénoncer l’occupation et la colonisation méthodique de Jérusalem-Est et de la Cisjordanie, ainsi que les graves violations des droits des Palestiniens par tous les gouvernements successifs? Silencieux et indifférents – à l’exception d’une minorité – parce que cette occupation ne remettait pas en cause leur bien-être ni leur conviction de vivre dans une démocratie.
Ce «printemps israélien» aura peut-être la peau de la réforme judiciaire, celle du premier ministre ou de son gouvernement extrémiste. Et ensuite? Les manifestants retourneront-ils dans les bars branchés et les start-up de Tel-Aviv, les universités et les services publics de Jérusalem avec le sentiment d’avoir sauvé leur pays de la dictature? Ou auront-ils enfin le courage de faire d’Israël ce qu’ils prétendent être depuis près de quatre-vingts ans, la seule démocratie de la région.
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Éditorial – Printemps israélien
Les défenseurs de la démocratie en Israël obtiennent le report de la réforme judiciaire de Benyamin Netanyahou. Mais le mouvement de contestation restera inabouti s'il ne remet pas en question l’occupation des territoires palestiniens.