Vigueur du chant choral amateurPro Arte enchante depuis 75 ans
Fondé en 1947 par André Charlet, le chœur lausannois va vivre une saison 2022-2023 exaltante.

Pour ses 75 ans, le Chœur Pro Arte de Lausanne n’a pas peur de faire le grand écart entre son histoire prestigieuse et un avenir envisagé avec sérénité et audace. L’ensemble dirigé par Pascal Mayer a présenté la semaine dernière les grandes lignes de sa saison anniversaire, marquée par une série de concerts très ambitieuse et la publication d’une plaquette historique en cours de rédaction par Antonin Scherrer.
Un passé glorieux
Fondé en 1947 par André Charlet et une quinzaine de ses amis choristes, le «Chœur des jeunes de l’église nationale vaudoise» allait devenir le Chœur Pro Arte de Lausanne. Un ensemble amateur au destin formidable, puisque, comme l’a rappelé Raymond Bron, choriste de longue date et ancien président, «dix ans après sa fondation, le chœur chantait déjà sous la direction d’Ernest Ansermet. Ce qu’un chœur amateur a pu vivre là est tout à fait exceptionnel.»

S’en est suivie une période faste sur plusieurs décennies où le chœur, associé à celui de la Radio, était très régulièrement engagé par l’OSR et l’OCL pour des concerts d’abonnement. «Cette époque révolue, poursuit Raymond Bron, le chœur a dû se réinventer et c’est ce qui s’est passé depuis les années 2000 après le départ d’André Charlet et grâce à Pascal Mayer.»
La musique du temps présent
L’ouverture de saison illustre parfaitement l’ancrage dans la tradition et l’ouverture à de nouveaux répertoires: pour la Schubertiade d’Espace 2 à Fribourg, les 3 et 4 septembre, le chœur présente deux programmes contrastés. Il y aura tout d’abord un programme entièrement consacré à des compositrices: Clara Schumann, Fanny Mendelssohn, Lili Boulanger, Caroline Charrière et une création intitulée «Soleil», commandée à Joséphine Maillefer, jeune musicienne lausannoise. Comme c’est le cas depuis des lustres, Pro Arte entonnera la «Messe allemande» le dimanche matin, avec les voix du public, dans ce «moment fort de la vie chorale romande», comme le dit Pascal Mayer.

Pascal Mayer a monté un impressionnant projet de musique suisse intercantonal qui réunira en octobre et novembre les forces du Pro Arte, du Chœur de la Cathédrale Saint-Ours de Soleure et le Chœur et l’Orchestre du Collegium Musicum de Lucerne. Au programme: «Et la vie l’emporta», ultime cantate de Frank Martin, et la plus récente «Bruder Klaus Messe», composée par Carl Rütti en 2017 à l’occasion des commémorations de saint Nicolas de Flüe.
«René Morax a créé ici une tradition de théâtre mêlé de chœur. Nous l’enrichissons.»
En décembre, dans le cadre des 750 ans de l’église St-François, le chœur présente le rare «In Terra Pax» de Gérald Finzi ainsi qu’une nouvelle version du «Gloria» de Poulenc accompagné par un orchestre à cordes et où l’orgue remplace les vents. Suivront les «Vêpres» de Rachmaninov en mars-avril, monument de la tradition orthodoxe revisitée. Avant un feu d’artifice festif prévu le 18 juin au Théâtre du Jorat, en hommage aux 150 ans de René Morax. On y entendra des musiques de Honegger, Doret et Valentin Villard, qui mijote une nouvelle œuvre, «Natures», avec ses complices librettistes de la Fête des Vignerons. «René Morax a créé une tradition ici de théâtre mêlé de chœur, insiste Pascal Mayer. Nous l’enrichissons.»
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