En 2018, sans être particulièrement en avance sur le sujet, j’ai demandé que le Canton de Vaud légifère pour interdire rapidement la vente d’e-cigarettes aux mineurs. Il aura fallu attendre quatre ans pour que le Conseil d’État vaudois finisse par répondre à mon postulat. Pourtant, cela semblait aller de soi, non? Mais le temps politique semble parfois long, et se fait souvent rattraper par la société.
D’ailleurs, entre le dépôt de ma motion et aujourd’hui sont apparus les Juul, puis les «puffs», produits à inhaler qui visent spécifiquement les plus jeunes. Alors que la plupart des cantons romands ont légiféré il y a plusieurs années pour protéger les mineurs, j’avoue ne pas comprendre pourquoi le canton a attendu le projet de loi fédérale. Emboîtant le pas de l’initiative fédérale «Oui à la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac», le Canton n’agit pas en précurseur, mais suit la tendance de cette initiative, qui devrait être appliquée bientôt, on l’espère.
«Ce qui coûte cher et qui a souvent de graves conséquences, c’est l’inaction.»
Grâce à la modification de trois lois vaudoises, la vente d’e-cigarettes et de produits apparentés ou nicotinés sera interdite aux mineurs. Leur consommation sera interdite dans les lieux publics. Enfin, les règles pour la publicité seront les mêmes que celles pour les cigarettes. C’est une bonne chose qui permettra, par exemple, l’interdiction de la publicité au cinéma ou lors de manifestations visant particulièrement les jeunes.
Ces modifications concernent les produits connus, mais également les nouveaux produits qui pourraient apparaître. Il n’y aura donc pas besoin d’une nouvelle loi à chaque nouveau gadget à fumer ou à suçoter arrivant sur le marché. À défaut d’avoir été rapides, nos autorités ont été prévoyantes.
Quels coûts pour la collectivité?
Néanmoins, je ne peux que regretter qu’il ait fallu attendre aussi longtemps pour passer de la parole aux actes. Combien de jeunes, sous-estimant la nocivité de ces lolettes nicotinées, sont devenus accros en attendant que le Département de la santé prenne le taureau par les cornes? Quels seront les coûts pour la collectivité d’un aussi long temps de réaction? La réponse à cette question est évidemment délicate et difficile à donner avec précision, mais cette lenteur est dommageable pour la santé des jeunes en particulier. Fallait-il laisser les jeunes vapoter si longtemps?
Comme Vert’libérale, je ne peux m’empêcher de faire le lien entre la lenteur des lois en ce qui concerne la prévention de la santé pour les jeunes et la protection de l’environnement. Les autorités politiques sont souvent trop lentes et attentistes. Il faut quatre ans pour faire une loi, quelques années de plus pour installer une éolienne, et plus de vingt ans pour rehausser un barrage. C’est beaucoup trop lent, tant pour la santé que pour le climat. Contrairement à ce que bon nombre de personnes croient, ce n’est pas d’agir qui coûte cher; ce qui coûte cher et qui a souvent de graves conséquences, c’est l’inaction.
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L’invitée – Puffer, vapoter ou fumer: enfin une même loi pour protéger les jeunes!
Graziella Schaller se réjouit de la future interdiction de la vente d’e-cigarettes aux mineurs. Mais regrette le temps mis à modifier la loi.