Il est 18 heures dimanche soir. J’apprends qu’un proche a fait un infarctus. J’appelle le CHUV. Le réceptionniste me donne le numéro du service concerné. L’infirmière me passe la personne sous observation en soins continus, qui a des nouvelles relativement rassurantes. Quand je viens la voir, un peu plus tard dans la soirée, il n’y a que gentillesse et compétence, de la souplesse avec les heures de visite.
En face du lit, je regarde une infirmière prendre de très longues minutes pour rassurer et écouter – avec le sourire – un patient aux questions pourtant décalées et incongrues. On est loin, très loin des images anxiogènes que l’on peut se faire en regardant des séries TV – plutôt «Hippocrate» que «Grey’s Anatomy» si vous devez choisir – ou de la réalité de certains hôpitaux régionaux, comme celui de Martigny, qui ferment leurs Urgences.
Alors, à quoi sert cet éditorial? À dire qu’ici, le système de santé est certes très cher, mais qu’il fonctionne dans son ensemble. Et que parfois, il faut le traverser soi-même pour s’en rendre compte. Et puis, comme tout bon journaliste, il convient de lire ses confrères. Comme ceux du «Temps». Qui nous rappellent qu’en Grande-Bretagne, les soignants sont en grève; que, depuis des années, des milliers de patients meurent en attendant d’être pris en charge; que des milliers de lits hospitaliers disparaissent. La situation n’est guère plus glorieuse en France.
«Notre modèle n’est pas un malade imaginaire»
En Suisse donc, on paie sa prime quand on en a les moyens et on reçoit des subsides autrement. En 2021, 287’000 Vaudoises et Vaudois en touchaient un, à plein pot ou partiellement. Ici, le peuple refuse à deux reprises une caisse unique publique, accepte de réévaluer les conditions salariales des infirmières. Dans la dernière étude de l’«International Health Policy Survey (IHP) of the Commonwealth Fund Foundation» en 2020, il plébiscite son système de santé avec le plus haut taux de satisfaction (98% ), devant des pays scandinaves dont on ne cesse pourtant de louer les vertus d’État-providence. Et quand j’appelle le service médical de mon assureur privé – une hotline pour diminuer ma prime sans que cela m’empêche d’aller consulter – j’ai toujours eu une écoute attentive.
Notre modèle n’est pas un malade imaginaire. Les années qui viennent vont voir se poursuivre les débats sur son coût, sur les progrès de la médecine et de l’espérance de vie, sur le manque de transparence du système, sur le prix insensé de certains médicaments. Tout cela est nécessaire. Comme de rappeler ce qui marche ici mieux qu’ailleurs.
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Éditorial – Quand la santé va, tout va…