Nouvelle parution romandeQuand une visite en maison de retraite conduit en Irlande
L’auteure valaisanne Abigail Seran invite à dénicher l’aventure en remontant le fil d’une vie finissante. Touchant.

Léa habite la grande ville, a décroché ce qu’il convient de nommer une «bonne situation» dans une multinationale et s’apprête, après avoir gravi encore quelques échelons, à diriger une nouvelle équipe en robe griffée et talons hauts. La trentenaire se ressource en profitant de son appartement boudoir ou des séances de papote avec sa meilleure amie. Une vie de «célibattante» qui lui correspond parfaitement.
En intermède repoussoir, elle accepte de retourner dans sa petite ville natale pour rendre visite quotidiennement à son oncle en maison de retraite pendant que sa mère s’accorde de rares vacances avec son amoureux. Dans l’appartement maternel, elle redevient la petite Léanne, avec qui Léa a pris ses distances.
Retour aux sources
Commence alors un voyage initiatique à l’envers. Léa retrouve tout ce qu’elle a quitté et qu’elle regarde désormais de haut: la petite localité où tout le monde se connaît, les conversations qui n’ont pas changé depuis vingt ans, l’oncle qu’elle connaît à peine et qui, ayant visiblement perdu la tête, la prend pour quelqu’un d’autre. Entre amis et amours retrouvés, l’adulte qu’elle est devenue découvrira que les choses ont malgré tout changé en son absence, et que son oncle, avant de divaguer, a eu une vie passionnante.
«Le récit embarque le lecteur par son côté tendre, drôle ou amer selon les moments.»
En remontant le fil de la vie de cet enseignant qui fut aussi écrivain, c’est tout un univers qui se précise peu à peu. Celui de la maison de retraite, entre morosité et surprises, mais surtout un passé irlandais. L’avocate et auteure franco-suisse installée en Valais, qui signe avec «D’ici et d’ailleurs» son quatrième roman, a voulu rendre hommage à ce pays qui lui est cher dans un récit qui interroge la transmission et les relations entre les générations, notamment à travers la question des proches aidants. Le récit embarque le lecteur par son côté tendre, drôle ou amer selon les moments. Même si l’on regrette que, dans sa volonté de brosser un large tableau, l’auteure ait repoussé la rencontre avec cet ailleurs annoncé dans le titre si loin dans l’histoire.
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