Festival du filmQue faut-il voir à Locarno cette année?
On aura l’embarras du choix, comme toujours, dans un festival plus tentaculaire que jamais. Choix subjectif de trois films.
Il est toujours difficile de se frayer un chemin, de présélectionner ce qu’on va voir dans un festival aussi pléthorique que Locarno. Certains n’iront voir que la rétrospective Douglas Sirk, d’autres se concentreront sur les projections en plein air de la Piazza Grande, d’autres encore tenteront de suivre la relève avec les «Pardi di domani». Nous avons choisi deux films qui nous intriguent et un must absolu dans cette minisélection.
«Annie Colère» de Blandine Lenoir

Blandine Lenoir, qu’on connaît un peu comme actrice, réalise aussi des films. Celui-ci met en scène Laure Calamy, ce qui en soi est déjà un bon point. De plus, il est coécrit par Axelle Roppert, qui avait réalisé «Petite Solange», montré ici même l’an passé, et que nous avions adoré. Deuxième point positif. Et puis il y a le sujet. L’histoire d’une ouvrière, Annie, qui tombe enceinte accidentellement. Nous sommes en 1974, et les avortements sont encore illégaux. Aussi Annie entre en contact avec le MLAC – Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception, avant que le combat pour l’adoption de la loi sur l’avortement ne devienne son cheval de bataille. Autant d’atouts qui nous donnent sérieusement envie de voir ce film.
Piazza Grande, 11 août.
«Skazka» d’Aleksandr Sokourov

Contrairement à Cannes (notamment), Locarno n’a pas fermé la porte aux productions russes. D’où la présence tout à fait surprenante du dernier Sokourov en compétition officielle. Ce conte mystérieux (son titre signifie «conte de fées») s’apparente à un rêve ou un cauchemar éveillé, d’après les rares éléments synoptiques qu’on peut trouver sur le Net. Ce que confirme une tout aussi étrange bande-annonce, qu’on peut découvrir sur le site du festival. Mais pour qui connaît Sokourov, on ne devrait pas être en territoire tout à fait inconnu. Tordre le réel ou la fiction, il ne fait en somme que cela depuis qu’il tourne. Lion d’or à Venise en 2011 avec «Faust», plusieurs fois sélectionné à Cannes, il était venu à Locarno en 1987 avec «La voix solitaire de l’homme», qui était son premier long-métrage de fiction. Avec «Skazka», la boucle sera peut-être bouclée.
Compétition, entre le 6 et le 8 août.
«Imitation of Life» de Douglas Sirk

Chef-d’œuvre absolu, mélodrame renversant – il est conseillé d’apporter plusieurs paquets de mouchoirs –, «Imitation of Life» reste l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma et l’apogée de l’œuvre de Douglas Sirk. Il marquera ainsi la clôture de la rétrospective événementielle de cette année, reprise à la rentrée à la Cinémathèque suisse à Lausanne. La projection hardie est forcément attendue sur la Piazza Grande. Dès les premières images du film, une pluie de diamants remplissant l’écran pendant que défile le générique avec la chanson d’Earl Grant, des vibrations devraient parcourir l’assemblée. Une soirée sublime en frissons.
Piazza Grande, 12 août.
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