Des notes et des photosQuelques beaux humains pour porter aux nues Marc Aymon
Sur la musique de Jérémie Kisling et les photos de Mathieu Gafsou, le chanteur prend son envol.

Il porte sur le dos sa guitare, sous le bras ses dossiers, ses disques et ses cartons, sur les épaules une veste sombre qui le «carapace» drôlement en ces jours d’été indien. Marc Aymon en vadrouille? Plutôt au boulot, en nomadisme éternel où la promo de ses projets à peine réalisés le dispute à la mise en œuvre des projets suivants. À peine une réussite achevée, tel le succès d’«Ô bel été», son disque de chansons patrimoniales qu’il a vendu à 10’000 exemplaires et joué durant deux ans dans 23 pays, le voici déjà qui présente une nouvelle aventure, volubile à la limite de la fièvre.
Panorama sauvage
Il a de quoi s’animer. Dans ses cartons qu’il déleste sur la table, «Humains» ne retient pas seulement l’attention pour la photo noir et blanc en contre-plongée d’enfants enlacés dans un paysage de montagne, signé Ata Kandò (1954). L’objet se dépiaute avec délicatesse, dévoilant un livret d’une douzaine de photos puissantes capturées par le Lausannois Matthieu Gafsou, réalisées dans un même décor bichrome, celui du val de Trient, panorama sauvage et minéral où parfois se devine la silhouette de Marc Aymon. Le chanteur fixe plus franchement l’objectif sur la pochette du 33 tours qui parachève ce nouvel album «multimédia», objet qui se pèse, se contemple, se feuillette, évidemment s’écoute – l’antithèse des stratégies numériques à l’heure Spotify! Marc Aymon a-t-il perdu la tête?
«Après la tournée d’«Ô bel été», et même pendant, j’ai connu un gros coup de blues. Je suis revenu en Valais, personne ne m’y attendait.»
«J’avais envie d’un bel objet. Quelque chose qui fasse plaisir, qui ait du sens. Après la tournée d’«Ô bel été», et même pendant, j’ai connu un gros coup de blues. Je suis revenu en Valais, personne ne m’y attendait. J’avais besoin d’être entouré, de rassembler des disciplines et des gens que j’aime bien. J’ai alors pensé à Jérémie.»
Car «Humains», outre le visuel de Matthieu Gafsou, s’innerve à une autre inspiration, auditive celle-ci: Jérémie Kisling a cosigné la musique et les paroles, en une collaboration intime avec Marc Aymon, d’abord dans le cadre de son projet muséal, il y a pile une année. Au gré de nombreux musées, les deux compères avaient «exposé» leur travail de composition, s’inspirant des œuvres conservées tel ce recueil de lettres d’amour d’un couple italien des années 1920, enterré dans un tube en métal et exhumé lors de fouilles sur la Via Appia à Rome. La chanson «Nos amours souterraines» est en bonne place dans «Humains».
Mais le disque est réellement né dans les boiseries du château Fallot, sur les hauts de Lausanne, terrasse propice aux envies d’air pur de Marc Aymon. Porté par la patte harmonique de Kisling et des arrangements amples, le chanteur s’éloigne plus que jamais de ses tics vocaux «à la Renaud» pour prendre un envol inédit, dans un format de chansons pop à la nostalgie allègre. «Je ne me suis pas posé de question sur quel est mon public désormais, quelles sont les modes, etc. Je me suis laissé porter par l’album qui avançait bien. J’ai cent projets qui ne sont pas musicaux pour la suite, cela m’a sans doute permis de me sentir plus libre que jamais avec ma voix.» Celle-ci trouve avec «Humains» un écrin de choix, en dix chansons à la charpente solide et aux ornements bien dans leur époque. «With a little help from my friends», comme disait l’autre.
«Humains», Marc Aymon, vernissage 22-24 sept. à Savièse (VS), Théâtre Baladin. Puis à Yverdon, Échandole (30 sept et 1er oct.) et ruelle du Château (2 oct.); Vevey, Musée Jenisch (14 nov.). www.marcaymon.com
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