Sorties cinéma«Licorice Pizza», «355»: quels films aller voir cette semaine?
L’année commence fort avec le retour du grand Paul Thomas Anderson et le premier choc de 2022. Voici notre choix hebdomadaire.
«Licorice Pizza»

Une fille, un garçon, et quelque chose entre les deux qui circule. On peut appeler ça de l’amour, de l’amitié, de la compréhension, de la fraternité, ou tout autre chose. Filmer ce mouvement, cette curieuse circulation qui font que deux corps, deux personnes, ont l’air de se trouver, de se chercher, de se convenir. Tel est l’un des enjeux de ce nouveau film de Paul Thomas Anderson, ce «Licorice Pizza» qui paraît si atypique dans sa filmographie, presque incongru tant l’objet paraît différer de ses précédentes réalisations.
Nous sommes ici dans les années 70. Tout près de Los Angeles. Le jour des photos de classe dans les lycées américains. Alana n’est plus étudiante, mais travaille comme assistante de photographes. Gary, lui, est encore au lycée mais il fait déjà un peu l’acteur dans de minuscules productions.
C’est ainsi que tous deux font connaissance. Elle est un peu plus âgée que lui. Lui frime un peu avec son job de comédien. Alors il lui propose de l’accompagner à New York pour une émission de télé à laquelle il participe. Mais rien ne va se passer comme prévu. Tel est un peu le leitmotiv du film.
Rien ne s’y déroule comme on pourrait s’y attendre. À ceux qui osaient en douter, «Licorice Pizza» prouve en tout cas qu’il faut plus que jamais compter sur Paul Thomas Anderson parmi les grands auteurs en activité. Ruez-vous à ce film, c’est un bonheur!
Note: ****
«355»

On saisit bien l’idée. Une sorte de coup en termes de production, en l’occurrence suggéré par Jessica Chastain au réalisateur Simon Kinberg. Soit l’envie de réaliser un film d’espionnage entièrement au féminin. Mieux, une possible franchise dont chaque rôle clé serait tenu par une femme.
Dans la lignée de «Mission: impossible» ou James Bond, rien que ça. Elles sont donc cinq, toutes en provenance de pays différents (histoire de bien cocher toutes les cases d’un métissage fantasmé sur le papier), et toutes à parts égales au générique: Diane Kruger, Penélope Cruz, Lupita Nyong’o, Fan Bingbing et bien sûr Jessica Chastain.
Le scénario est standard, plutôt quelconque, les cinq héroïnes devant faire alliance pour combattre une organisation mondiale qui ambitionne de dominer le monde. Chacune y va de sa méthode et de son caractère. Ce dont le film manque cruellement. Le résultat est terriblement standard, sans aucune originalité pour ce qui est du scénario, avec des scènes d’action qui ne devraient faire rougir personne. Mais le contrat est exécuté à la lettre. Avec malgré tout quelques bémols au niveau de l’interprétation.
Fan Bingbing apparaît très tard dans l’histoire et stagne à un minimum syndical à la limite de la gêne. Penélope Cruz, une fois de plus, pleurniche. Et ne fait d’ailleurs que ça d’un film à l’autre depuis quelque temps. Même chez Almodóvar, dans le peu engageant «Madres paralelas». C’est terriblement paresseux. Les autres tirent leur épingle du jeu. «355» voudrait pourtant se distinguer du tout-venant du cinéma d’action et d’espionnage. Il n’est qu’une pâle copie, avec la douloureuse impression d’avoir déjà vu ça cent fois. Feront mieux la prochaine fois, s’il y en a une.
Note: **
«Twist à Bamako»

Sous ce titre léger et empreint d’une étrange nostalgie, ce nouveau film de Robert Guédiguian nous plonge dans le Mali de 1962, à l’aube d’une indépendance qui est la sienne depuis peu, baignant dans une insouciance qui est celle de la jeunesse exaltée et de la renaissance.
Le drame n’est pourtant jamais très loin et va quelque part s’incarner dans le personnage de Samba, fils d’un commerçant aisé, qui prêche le socialisme à travers le pays. Un périple qui va l’amener à rencontrer Lara, jeune femme mariée de force dont il va s’éprendre, au risque de tout perdre, puisque leur amour est par définition impossible.
Les motifs de la tragédie s’invitent donc à la fête dans cet opus qui ne ressemble pas aux autres films de Guédiguian. Le réalisateur marseillais est ici loin de son biotope, la cité phocéenne et ses environs, et aucun de ses habitués ne se retrouve au générique. D’où l’impression d’un film en forme de parenthèse, mineur dans sa construction comme dans sa forme.
Note: **
«En attendant Bojangles»

Pas facile d’adapter la fantaisie, de retranscrire un roman fantasque comme celui d’Olivier Bourdeaut. Régis Roinsard, dont on avait aimé les deux premiers films, «Populaire» et «Les traducteurs», s’en est chargé mais reste à la surface d’un ton, d’une écriture, qu’il s’efforce de transcender sans jamais y arriver. Personnages loufoques et décalés, histoire de famille fantasmée par la mémoire.
Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’«En attendant Bojangles» fait partie de ces films qui finissent par gêner. Parce qu’il agace plus qu’il ne fait rire et parce qu’il ne parvient à captiver qu’une dizaine de minutes tout au plus. Malgré un casting emballant, Virginie Efira, Romain Duris et Grégory Gadebois (carrément insupportable ici), le film passe son temps à se tirer des balles dans le pied.
Note: *
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