Sorties cinémaQuels films aller voir cette semaine?
«The Father», le bijou oscarisé de Florian Zeller, «Beyto», «Freaky» etc.
«The Father», sous le signe d’Anthony et d’Hopkins

Le dramaturge et ici cinéaste Florian Zeller a rebaptisé le héros de sa pièce Anthony en hommage à ce monstre d’acteur Hopkins. Le Français explique aussi à la première occasion qu’il n’a pas adapté «Le père» en anglais par souci commercial mais pour s’assurer le concours de la star britannique. Ces précisions cadrent autant l’entreprise de «The Father», et sa réussite, qu’elles identifient le style du réalisateur. Sans finasser, Zeller va droit au but. Ainsi le scénariste, oscarisé comme son acteur, ne dissimule-t-il pas le caractère théâtral du texte original, le jeu des appartements, les portes qui claquent sur les voies sans issue.
Pas plus n’ouvre-t-il l’espace à d’autres comédiens qui chacun dans ce théâtre de marionnettes, reste à sa place sans déborder. Ici tout tourne autour d’Anthony et Hopkins emporte le morceau avec la bravoure de son expérience.
L’octogénaire brouille les pistes de la santé mentale défaillante dans un jeu manipulateur magistral. Le vieillard lui-même ne semble plus trop où se situer dans le puzzle où la logique déraille face à l’Alzheimer, ébranlée par les charges émotives, les bouffées de la conscience, les assauts de la mémoire. Labyrinthe piégeur, claustrophobe et oppressant qui trouble en profondeur par sa puissance évocatrice. C. LE
Note: ***
«Beyto» nage à contre courant sans couler

Oscillant entre documentaire et fiction, la réalisatrice zurichoise Gitta Gsell, 68 ans, nourrit «Beyto» d’une solide expérience humaniste qui compense la banalité du sujet. Sa chronique d’une famille d’immigrés turcs dans la tourmente quand leur fils se déclare homosexuel, ne cherche jamais l’outrance par la dénonciation frontale de coutumes étriquées. C’est par là, plus que par les décors, du restaurant de kebab tenu par les parents aux bassins olympiques où évolue le fiston, que séduit le film.
Avec une pondération inattendue dans ce répertoire, la cinéaste expose les forces en place. Les anciens veulent protéger le statu quo, la jeunesse se déchire entre passion et devoir. Des campagnes d’Anatolie aux villes alémaniques, l’héritage culturel semble lourd à transbahuter avec les dilemmes qui s’ensuivent. Mais les temps changent et Gitta Gsell note que cette nouvelle génération pense moins à révolutionner le monde qu’à satisfaire une quête de bonheur individuel.
Ainsi, Beyto, pour que son clan ne perde pas la face, accepte un mariage arrangé. Son épouse Seher est enchantée de s’émanciper par ce biais. Son amoureux Mike renâcle. La solution viendra d’un compromis inédit, auquel les acteurs débutants achèvent de donner une patine fraîchement débraillée. C. LE
Note: **
«Freaky», même pas peur

Le film se déroule et devait sortir un vendredi 13. Malédiction…Sans que «Freaky» ne se place sous aucune référence spécifique, cette comédie adolescente horrifique évoque «Scream», «Freaky Friday», «Vendredi 13», «Halloween» et autres vaudous d’antan. Millie peine à séduire ses camarades qui la snobent mais va vite oublier ce souci quand la jeune fille se retrouve sous l’emprise du Boucher, un tueur en série masqué qui envahit son corps grâce à un poignard. La mignonne ne dispose que de 24 heures pour échapper au maléfice.
Hormis l’ingéniosité des meurtres, avec un culot de bouteille de Montrachet par exemple, rien de très excitant dans ce massacre. Le film a vécu plusieurs déprogrammations suite à la pandémie et se déroulant un vendredi 13, devait sortir un vendredi 13. Encore raté. C. LE
Note: *
«Cruella» rhabille les «101 Dalmatiens» en Prada

Détournement original? Pas vraiment. Plus qu’à la harpie des «101 dalmatiens», le long-métrage semble être plus fidèle au «Diable s’habille en Prada» (2006). Rien d’étonnant vu que la scénariste Aline Brosh McKenna a travaillé sur ces deux films.
Pourtant «Cruella» reste un film agréable à regarder. Cela tient surtout à Emma Stone, Emma Thompson, et même Mark Strong en discret garde du corps, tous remarquables dans leur jeu riche, aussi touchant qu’hilarant. Dommage néanmoins qu’un montage trop nerveux desserve leur interprétation et prive de nombreuses séquences de profondeur dramatique. G. B.
Note: *
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