Cartes blanchesRegards croisés sur le monde d’après
Cinq personnalités livrent leurs impressions sur l’année écoulée et leurs perspectives sur celle qui s’ouvre. Entre craintes, espoirs, optimisme et désillusions.

Marc Atallah, directeur de la Maison d'Ailleurs, à Yverdon-les-Bains

«Pour parler du monde d’après, il faut déjà que le monde d’avant ait fait son bilan. Parce que, si l’objectif est de retrouver la «normalité», il faut admettre que la vie normale dont on parle n’est autre qu’une vie dans laquelle on peut consommer sans fin. Donc, faute d’un bilan sociétal et individuel, le monde d’après risque bien de ressembler au monde d’avant…
L’année qu’on vient de traverser est une chance: elle nous permet de nous poser la question de la révolte au sens intellectuel du terme. Où sont passés les étendards démocratiques qu’on brandit depuis des siècles pour les défendre? Ceux qu’on a portés haut et fort notamment face au terrorisme? Dans la gestion de cette crise, on a accepté avec passivité de vivre en totalitarisme, mais pas celui que notre imaginaire collectif associe au nazisme: on se rend compte que nos démocraties peuvent se manifester comme des totalitarismes soft, susceptibles d’évoluer vers des formes plus dures. Peut-être est-on en droit de demander que le Conseil fédéral rende compte des principes qui ont présidé à la gestion de cette crise? Il n’y a eu aucune place pour la vox populi, on nous a tenus par des stratégies culpabilisantes ou stigmatisant les réfractaires.