Peintre vaudois renomméLe Musée Burnand restera au Grand-Air, repris par Moudon
La Commune s’apprête à racheter au Canton la parcelle abritant le musée pour 1,8 million, soit le prix déjà négocié en 2016.

Pour célébrer le centenaire de la mort du peintre vaudois, le Musée Eugène Burnand vient de s’associer avec son voisin de la ville haute de Moudon, le Musée du Vieux Moudon. Cette première pourrait bien ne pas être une dernière. Pourtant, l’association gérant l’unique musée romand consacré à un seul peintre ne sait pas sur quel pied danser depuis près de dix ans.
La raison? Propriétaire de l’immeuble dit Le Grand-Air, le Canton de Vaud souhaite le vendre depuis le déménagement du Registre foncier, aussi logé ici par le passé, à Yverdon. Après avoir dit oui, puis non, la Municipalité s’apprête à présenter un crédit d’investissement à son législatif pour le rachat.
«Ce serait un beau cadeau en cette année de centenaire. Cela fait des années que nous sommes sur le balan.»
«Voilà un beau cadeau en cette année de centenaire. Cela fait des années que nous sommes sur le balan. Et vu la dimension des toiles, il n’aurait pas été évident de nous reloger n’importe où. Rester au Grand-Air serait donc la meilleure solution. Surtout si cela nous permet de développer un pôle muséal avec le Vieux-Moudon», se réjouit Pierre-André Marti, président du conseil de la fondation du Musée Eugène Burnand. Le musée s’était installé dans cette bâtisse inscrite en note 2 au recensement cantonal en 1990.
Deux zones à bâtir
Outre cette demeure de la ville haute, la parcelle de 12’943 m2 comprend aussi deux zones à bâtir selon un plan de quartier établi il y a près de trente ans. Bien que majestueux, le Grand-Air est aussi un gouffre énergétique, cher à l’entretien. Moudon avait négocié un prix d’achat de 1,8 million pour la reprise du tout lors de la précédente législature. Mais la majorité a changé de camp lors des élections de 2016 et l’investissement avait ensuite été jugé trop élevé. Ville de naissance de Burnand, Moudon garantissait de vouloir conserver l’institution.

Le Canton ayant refusé une proposition de cession pour un franc symbolique, diverses pistes ont alors été étudiées, dont un déménagement dans la caserne communale. Cette propriété moudonnoise en basse ville semblait plus accessible. «L’investissement aurait été énorme et l’endroit abrite des salles pour les cours de langue ou de musique, des dortoirs sur le chemin de Compostelle ou l’hébergement d’urgence. Nous avons décidé de le maintenir en l’état», glisse Carole Pico, syndique PLR. Pour garder son musée, dont Vaud souhaite toujours se débarrasser, Moudon va donc investir en ville haute. En juin, la Municipalité défendra un préavis pour racheter le bien à… 1,8 million de francs! Il faut dire que depuis 2020, la droite a repris la majorité.
«L’État se dessaisit des immeubles dont il n’a plus l’utilité. C’est une manière saine et respectueuse de gestion des deniers publics.»
Plus l’utilité
Après avoir déjà mis en vente plusieurs cures, pourquoi le Canton veut-il se séparer de ce bien classé? «Conforme à sa stratégie immobilière, l’État se dessaisit des immeubles dont il n’a plus l’utilité. C’est une manière saine et respectueuse de gestion des deniers publics. A contrario, il cherche à acquérir des immeubles pour remplir ses missions», répond Philippe Pont, chef de la Direction générale des immeubles et du patrimoine.
«L’achat pourrait être rentabilisé en revendant ensuite la partie constructible pour y développer de l’habitat.»
«L’achat pourrait être rentabilisé en revendant ensuite la partie constructible pour y développer de l’habitat. Le parking situé sur la parcelle pourrait aussi être bâti, mais la Municipalité souhaite le maintenir», reprend Carole Pico. Imaginer de l’habitat moderne dans cet ensemble préservé de Moudon est loin de faire l’unanimité. Au Moyen Âge, il y avait des constructions ici, justifiant que la parcelle soit devenue constructible, rappellent certains. «Il ne fait aucun doute que des oppositions pourraient être déposées», lâche la syndique.
Réaménagement
Comment le Grand-Air sera-t-il réaménagé et rentabilisé? Pierre-André Marti espère bien que la Municipalité sera à l’écoute de la fondation, qui occupe le 2e étage, mais souhaite s’étendre: «Au 1er étage, dont les locaux sont plus petits, nous pourrions exposer des dessins ou gravures, actuellement dans notre dépôt faute de place.» Non aménagées, les combles feraient aussi l’affaire, pour accueillir concerts ou conférences. Et pourquoi pas de récupérer d’autres toiles comme «La fuite de Charles le Téméraire», qui dort dans les réserves du MCBA.

Dans son projet, la Municipalité souhaite conserver une exploitation à des fins d’utilité publique. Un accord a été trouvé avec la Fondation Mérine, voisine de la ville haute, et la direction régionale de pédagogie spécialisée, pour louer le 1er étage. Avec les revenus du parking, les charges seraient ainsi quasi couvertes.
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