La loi sur l’égalité (LEg) a permis de développer des services spécialisés sur les questions femmes et emploi. Mais les fonds prévus à l’art 15 de la LEg ont été coupés en 2019. Résultat: la grande majorité de ces services ont dû fermer leurs portes ou se réinventer faute de moyens. Depuis, chacun travaille dans son coin pour répondre aux besoins en réinsertion des femmes.
Or la question du retour à l’emploi reste d’actualité. Une femme devenue mère va faire le choix de se
consacrer pendant un temps à l’éducation de ses enfants. Rien de plus naturel. Seulement voilà, le monde
change, le marché du travail est en mutation. Parallèlement, les femmes sont de mieux en mieux formées,
ce qui a comme conséquence que l’éloignement du marché du travail a plus d’impact sur le retour à
l’emploi. Ceci concerne également celles qui ont gardé une activité à petit temps partiel et qui souhaitent
augmenter leur taux ou qui sont de retour de l’étranger. Paradoxe de cette situation, nous nous trouvons
en pleine pénurie de talents et aurions besoins de toutes les personnes formées. Dans ce contexte, les
femmes sont une source précieuse de compétences dont on ne peut plus se priver.
«Plus les femmes sont qualifiées, plus il faut une connaissance approfondie des parcours différenciés pour les suivre»
Dans un rapport publié récemment, en réponse au postulat Moret qui demandait une analyse par canton des moyens de réinsertion des femmes sur le marché, nous apprenons qu’il ne faut pas s’inquiéter. La solution est toute trouvée: les offices d’orientation professionnelle, universitaire et de carrière ont les instruments pour couvrir la majorité des besoins. Oui, mais pour cela, ces services auront besoin de changer de métier. Ils devront, par exemple, s’adapter à l’accompagnement de femmes seniors qualifiées avec des parcours plus ou moins complexes et non linéaires.
Plus les femmes sont qualifiées, plus il faut une connaissance approfondie des parcours différenciés hommes-femmes pour les suivre. Il est primordial de bien connaître les secteurs économiques, tout en bénéficiant d’une excellente expérience dans les questions d’égalité des chances pour parvenir à lever les obstacles extérieurs, mais aussi les freins intérieurs inhérents à ce genre de profils.
Unir les forces
L’expertise «égalité» est alors essentielle. Il s’agit d’une spécialisation non seulement pour les conseils de l’élaboration d’un CV mais aussi pour les conseils de vie. Il faut évaluer une diversité d’aspects pour apporter des réponses tant sur le plan professionnel, que psychologique et émotionnel: freins, blocages, croyances, confiance, rupture, deuil, etc. Bien connaître les impacts des événements de la vie sur le parcours professionnel des femmes. Tenir compte de la situation privée, du niveau de formation, du nombre d’enfants, de sa confiance en soi, etc.
Il est grand temps de reconnaître toutes les institutions qui ont développé un savoir-faire sur ces questions et d’unir nos actions pour plus d’égalité des chances sur le marché du travail.
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L’invitée – Retour à l’emploi des femmes, une affaire de spécialistes
Pour réinsérer les femmes sur le marché du travail, les offices d’orientation doivent davantage prendre en compte le parcours particulier de chacune, estime Françoise Piron.