Plateforme de vente directeRobin des Fermes veut rendre justice aux producteurs locaux d’aliments
Lancé au printemps, le site conçu par une bande de jeunes du Jorat met à disposition des professionnels de la terre une solution logistique complète pour faciliter la vente de leurs produits en ligne.

Après un printemps 2020 euphorique où ils débordaient de travail, les producteurs locaux de denrées alimentaires disent pour la plupart que le soufflé est retombé une fois le confinement allégé et les grands commerces rouverts. Nombre de consommateurs qui ont découvert la vente directe sont retournés à leurs vieilles habitudes.
«La bande de Robin des Fermes bûche depuis trois ans sur un système pour que l’argent des consommateurs atterrisse directement dans la bonne poche.»

Nouvel acteur dans ce marché, Robin des Fermes Sàrl, établi à Servion, est pourtant convaincu qu’il faut faciliter et démocratiser la vente directe en mettant en relation les uns et les autres grâce à une plateforme d’échanges. Pour ses fondateurs emmenés par Tanguy Ecoffey, il s’agit d’une noble cause: face aux injustices subies par les producteurs agricoles dans un secteur difficile, affirmait-il lors de son lancement, «la bande de Robin des Fermes bûche depuis trois ans sur un système pour que l’argent des consommateurs atterrisse directement dans la bonne poche.»
Formée d’un groupe de jeunes habitants du Jorat, de métiers diversifiés, l’équipe vient d’obtenir une bourse FIT Digital Grant de 20’000 francs de la Fondation pour l’innovation technologique du canton de Vaud afin de développer sa plateforme numérique. Cette dernière a été lancée en avril dernier et comprend actuellement une vingtaine de producteurs. Elle avait déjà récolté 35’000 francs dans une opération de crowdfunding fin 2020. Tout en continuant à l’optimiser, la jeune pousse compte maintenant la rendre visible auprès des consommateurs et convaincre le plus grand nombre de producteurs des avantages de cet outil pour leur activité.
Plus qu’un annuaire
La plateforme Robin des Fermes se veut plus qu’un annuaire tel que Local Heroes – développé l’an dernier dans l’urgence par l’agence digitale Coteries SA au campus de l’EPFL – qui rassemble plus de 2000 adresses de producteurs et commerçants de proximité en Suisse. La société basée dans l’espace Jorat Coworking à Servion – en discussion avec son aînée sur des synergies possibles – met à disposition toute une solution de logistique «clés en main» avec son site de vente directe.
Celui-ci offre les conditions d’achats en ligne classiques: sélection des articles dans l’assortiment du producteur – qui profite d’un marketing professionnalisé –, paiement avec les moyens habituels et livraison à domicile. Un partenariat a été établi avec La Poste. Les producteurs sont chargés de grouper les commandes et de les acheminer dans un centre de distribution.
Robin des Fermes se charge de la communication et de la promotion. «Ce qui nous différencie des autres sites de ce type, c’est l’approche producteur, remarque le responsable du projet. Comment on va l’aider à vendre plus et à être rémunéré correctement. Nous demandons une petite marge pour la logistique, non pour notre marque.» Selon lui, la plateforme aurait besoin de moins de 100 producteurs (agriculteurs, maraîchers, viticulteurs, éleveurs, etc.) sur différentes régions pour être rentable.
Des «speed datings»
Tanguy Ecoffey relève que, tant pour les producteurs que pour les consommateurs, la vente directe est fantastique mais qu’elle est perçue souvent comme trop compliquée ou prenant trop de temps, en particulier s’il faut faire le tour des producteurs pour remplir son panier. Il y voit un énorme potentiel à en croire les chiffres d’une étude sur ce marché. Elle montre que seuls 3% des Suisses achètent des produits alimentaires en ligne, 5-6% en Europe, 8% en France et près de 20% en Corée du Sud, record mondial.
La jeune société de Servion, qui prépare une levée de fonds avec un appel à des investisseurs, a plein d’idées derrière son tracteur pour faire avancer sa plateforme. Par exemple d’organiser des «speed datings» entre producteurs et consommateurs pour des échanges, parrainer un plant de vigne ou encore des concerts à la ferme. De quoi rapprocher à nouveau gens de la terre et habitués des grandes surfaces… sans masque!
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.