À voir notre Maître à tous truster les tapis rouges avec l’aisance chaloupée d’une Kardashian, on en oublierait presque qu’il fut joueur de tennis jusqu’à peu. Un départ à la retraite qui a plongé le monde de la petite balle jaune en pleine crise existentielle, à mi-chemin entre l’ado révolté et le senior désœuvré, perdu entre le chemin à emprunter et la raison d’être.
Dernière annonce en date: à partir de 2025, finis les juges de ligne, place à la technologie pour déterminer si une balle est bonne ou pas. C’est une voix préenregistrée qui livrera son verdict incontestable: «Out.» Le message? Surtout, ne discutons plus. De rien. Tais-toi et joue. Corollaire, il n’y aura plus d’êtres humains pour se taper des lignes blanches jusqu’à pas d’heure, à moins qu’on ne les convie eux aussi à l’after-party du Met Gala.
«Bientôt, on remplacera les ramasseurs de balles par des aspirateurs automatisés, tellement plus efficaces.»
Derrière, c’est tout un écosystème fait de bénévoles passionnés qui menace de disparaître. Un microcosme à première vue quantité négligeable, et pourtant constitutif du jeu. Car, en plus de remplacer l’humain, la machine va changer les dynamiques sur le court, aplanir les ressentis et juguler les attachements. Désincarner un sport dont on reproche déjà aux protagonistes actuels d’être trop robotiques. Bientôt, on remplacera les ramasseurs de balles par des aspirateurs automatisés, tellement plus efficaces.
Plus que jamais, le tennis manque d’une sagesse qui veille au grain. Très peu de voix portent, sinon pour s’insurger, au moins pour interroger les orientations futures décidées à la va-vite par un sport largement centenaire. Quoi de mieux alors que l’aura galactique d’un ancien ramasseur de balles pour attirer l’attention de l’opinion publique? Si, pour plaire à tous ses sponsors, il ne doit se fâcher avec personne, son silence pourrait ici être perçu comme coupable. En jeu, c’est l’histoire de ce sport qui lui a tout donné – et à qui il doit se sentir responsable de rendre encore et encore.
Pas de retraite qui vaille: Roger, mayday, le tennis a besoin de toi.
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Un sport en crise existentielle – Roger, mayday, le tennis a encore besoin de toi
Bien qu’afféré à ses nombreux investissements, Roger Federer doit rester une voix forte du tennis pour éviter que la petite balle jaune parte à la faute.