Saint Maurice a retrouvé provisoirement son épée
Un fac-similé de l'arme déplacée à Turin en 1591 est exposé en Agaune.

Maurice n'a jamais tiré cette épée de son fourreau. Et pour cause: le martyre du saint et de ses compagnons en Agaune remonterait à la fin du IVe siècle. L'arme, dont un fac-similé est exposé pour quelques semaines dans le trésor de l'Abbaye de Saint-Maurice, n'a été forgée que sept siècles plus tard.
Ce qui n'enlève rien au caractère exceptionnel de l'objet, parfaitement conservé, tout comme son fourreau d'origine et l'étui en cuir confectionné au XVe siècle. Cette épée fut utilisée pour introniser les fils du duc Amédée VIII de Savoie, Louis et Philippe, en novembre 1434. En attestent les blasons des deux héritiers, apposés sur l'étui.
Pourquoi la noble lame futelle associée au patron du Saint-Empire romain germanique, des siècles après le massacre de la légion thébaine sur le territoire actuel de Saint-Maurice? «C'est un mystère, réagit Olivier Roduit, procureur de l'Abbaye de Saint-Maurice. Il y a d'autres exemples d'objets dont on perd l'origine au fil de siècles et qui se retrouvent chargés d'une nouvelle symbolique. La forte expansion que connaît le culte de Maurice au XIIe siècle peut l'expliquer: il y a peut-être un besoin à l'époque de créer des objets chargés de symbole.»
La peur de la Réforme
Intimement liée à l'histoire du monastère agaunois, l'épée n'y aura pourtant pas séjourné longtemps. En 1591, Charles Emmanuel Ier décide de l'expédier à Turin. «À l'époque, il craint que l'Abbaye ne passe à la Réforme et que les reliques soient détruites, raconte Olivier Roduit. Il exige que le corps de Maurice et son épée soient déplacés à Turin.» Mais cette décision provoque l'émoi à Saint-Maurice et dans tout le Valais. Le duché transige: seul le crâne et la moitié des ossements de Maurice sont déplacés, ainsi que l'épée. «Ce voyage a suscité une immense ferveur dans le val d'Aoste, poursuit Olivier Roduit. On suit en procession les reliques jusqu'à Turin.»
Exposée en 2014 au Louvre avec une partie du trésor de l'Abbaye, l'arme se trouve toujours dans le Piémont et devrait y rester. «Demander sa restitution à l'Abbaye n'est pas à l'ordre du jour», sourit Olivier Roduit. Dès ce week-end et à l'occasion de la fête de la Saint-Maurice, les fidèles pourront toutefois en observer une réplique exacte, réalisée il y a deux ans pour une exposition à Morges.
Sa présence dans le trésor sera de courte durée: «Nous profitons de la place laissée libre par la Grande Châsse (ndlr: le reliquaire principal contenant les restes de saint Maurice), toujours en restauration. L'épée sera ensuite retirée pour faire place à une nouvelle exposition temporaire.» Comme l'an dernier, en raison de l'absence de la Grande Châsse, c'est celle contenant les ossements de saint Sigismond, fondateur de l'Abbaye en 515, qui sera emmenée en procession samedi.
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