Voilà bientôt un an que la pandémie de Covid-19 bouscule nos modes de vie. Et qu’elle malmène notre santé mentale. Des études menées par les Universités de Bâle et de Zurich démontrent que les niveaux de stress et d’anxiété ont fortement augmenté au sein de la population. La fréquence des symptômes dépressifs graves a quasi triplé.
Cet été, l’Organisation mondiale de la santé tirait la sonnette d’alarme et implorait les autorités d’augmenter de toute urgence l’investissement dans les services de santé mentale pour éviter un accroissement massif des problèmes de santé psychique dans les mois à venir.
«La situation est critique. La prise en charge actuelle est insuffisante.»
En Suisse, nous n’aurons pas réussi à y échapper. Les professionnel·le·s de la santé mentale observent une forte augmentation des demandes de consultation. La situation est critique. La prise en charge actuelle est insuffisante. Et pour cause: seules les psychothérapies effectuées par des psychiatres, ou sous leur surveillance, sont remboursées par l’assurance de base. Les délais d’attente sont très longs pour obtenir un rendez-vous.
Quelle absurdité, lorsque l’on sait que les psychologues psychothérapeutes sont parfaitement formé·e·s au traitement des troubles psychiques. D’autant plus que, plus vite une psychothérapie débute, plus elle sera brève, et plus ses chances de succès sont grandes.
La psychothérapie effectuée par des psychologues psychothérapeutes doit être remboursée par l’assurance de base lorsqu’elle est prescrite par un·e médecin. Cela permettra à la Suisse d’améliorer durablement la prise en charge des personnes en souffrance psychique.
De plus, une meilleure prise en charge ambulatoire réduira aussi les coûts liés aux séjours hospitaliers onéreux ou à la remise de médicaments. Une étude du Bureau BASS estime que l’introduction du modèle de la prescription générera une économie de 509 millions de francs par an.
Graves conséquences
L’autre grande absurdité de la prise en charge actuelle est la réglementation liée aux consultations à distance. À l’heure où les contacts sociaux doivent être limités, l’OFSP a toutefois décidé que seules 360 minutes de psychothérapie à distance seraient prises en charge par l’assurance de base, par trimestre et par patient, si elles sont effectuées par un psychologue qui travaille en délégation.
Ces 360 minutes sont épuisées en seulement six semaines dans certains cas. Ensuite, la thérapie doit se poursuivre en cabinet ou être interrompue, si les patient·e·s ne peuvent pas sortir de chez eux en raison de leurs troubles anxieux ou parce qu’ils ou elles sont en quarantaine, par exemple. Une interruption de traitement peut avoir des conséquences graves, comme des crises aiguës et des hospitalisations, voire des tentatives de suicide.
Le destin de la santé psychique de la population est maintenant entre les mains du Conseil fédéral, qui a seul le pouvoir de faire changer les choses. Agissons avant que la situation n’empire!
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L’invitée – Santé mentale: il y a urgence à agir!
Léonore Porchet estime insuffisante la prise en charge actuelle des troubles psychiques.