Tant qu’ils ne sont pas validés, les modèles climatiques sont certes des outils d’intérêt scientifique, mais ne sauraient servir de base aux politiques climatiques. Pourtant, les pires scénarios possibles (worst case) sont simulés avec les modèles actuels et servent d’épouvantail, comme s’il s’agissait du courant normal auquel il faudrait s’attendre (business as usual) et qui nous conduirait au cataclysme.
Une bonne nouvelle cependant: très respectés dans la communauté climatique, certains scientifiques osent remettre en question la qualité et la validité des modèles qui sont ensuite utilisés pour établir des rapports alarmistes, prédire des catastrophes exagérées et recommander des mesures démesurées.
«Ce qui est parfait pour l’alarmisme devrait toutefois s’avérer être un mauvais conseiller.»
Dans un commentaire qui vient d’être publié dans la revue «Nature»*, le problème des modèles «trop chauds» (hot models) est enfin abordé. Ce ne sont pas des négationnistes incompétents qui commettent une hérésie, mais une ouverture qui met la science au défi de s’améliorer.
Une modification de méthode est proposée. Selon que l’augmentation de température redoutée soit de 1,5 ou de 2 °C, le concept actuel est celui d’un budget carbone à ne pas dépasser. C’est là un coup de génie qui permet de communiquer très facilement un reste à vivre avec des fossiles, une exigence de net-zéro-carbone à atteindre le plus rapidement possible, et seulement trois ans pour agir avant qu’il ne soit vraiment et définitivement trop tard. Ce qui est parfait pour l’alarmisme devrait toutefois s’avérer être un mauvais conseiller.
Quelles conditions de vie
Les auteurs proposent plutôt d’évaluer comment le climat s’établirait si le réchauffement atteignait un certain niveau, par exemple 1,5, 2, 3 ou 4 °C. Le résultat n’aurait plus la forme des courbes habituelles dépendant du temps, mais décrirait des conditions de vie telles qu’elles pourraient survenir. Il est aussi recommandé d’adapter les modèles aux conditions régionales et de vérifier leur cohérence dans des situations extrêmes. Cela pourrait impliquer d’utiliser des métriques différentes, par exemple l’influence de facteurs, naturels ou non, autres que les seules émissions de gaz à effet de serre.
Le changement de perspective proposé pourrait mener à de profonds changements de politique climatique. Peut-être serait-il alors possible de surmonter la tyrannie du net-zéro-carbone avant 2050 et d’envisager sobrement des mesures plus adaptées au climat que correctrices de celui-ci. Quoi qu’il en soit, il faut s’attendre à d’immenses répercussions socio-économiques. Ouvrir enfin ce débat est une bonne nouvelle. Il faut souhaiter que les auteurs ne subissent pas une avalanche d’invectives qui mettrait fin à leur lucidité.
* Hausfather, Z. et al. (2022), «Climate simulations: recognize the «hot model» problem», «Nature», 605, pp. 26–29. www.nature.com/articles/d41586-022-01192-2
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
L’invité – Science climatique bouclée? Une lueur de progrès
Michel de Rougemont commente un article de la revue «Nature» traitant de modèles climatiques «trop chauds».