Se faire une toile sur la toile pendant le confinement
Les acteurs de l'industrie cherchent des alternatives pour proposer leurs films au public.

Face à la pandémie, qui oblige les salles obscures suisses à fermer jusqu'au 30 avril, festivals, distributeurs et producteurs s'activent pour penser l'avenir à court terme. Au milieu des géants du streaming Netflix et Amazon Prime, des plateformes plus confidentielles qui mettent en lumière le cinéma d'auteur, ou des services de vidéo à la demande (VOD), qui bénéficient tous de cette crise poussant les gens à rester chez eux, les acteurs de l'industrie cinématographique suisse cherchent quant à eux la meilleure parade au coronavirus.
Pour tromper l'ennui, la plateforme de streaming Artfilm.ch proposera dès la fin de la semaine les plus de 600 films suisses de son portefeuille gratuitement «tant que les salles de cinéma sont fermées.» Même élan de solidarité venant de l'association Climage, qui offre ses derniers documentaires en libre accès sur le site de la RTS, ou du distributeur de films Outside The Box qui propose un rabais de 50% sur son catalogue VOD. La société Bande à Part, qui regroupe les réalisateurs Ursula Meier, Lionel Baier, Jean-Stéphane Bron et Frédéric Mermoud, devrait elle aussi donner l'accès à une partie de son catalogue. Même la télé s'en mêle. Canal+ va ainsi mettre à disposition ses six chaines en clair sur l'ensemble des opérateurs telecoms suisses jusqu'au 31 mars.
Streaming et VOD
Du côté des festivals romands, le FIFF(Festival international de films de Fribourg) et le FIFDH (Festival du film et forum international sur les droits humains) qui devaient se tenir en mars, et Visions du Réel (du 24 avril au 2 mai), ont chacun repensé leur formule sur le web. Films et conférences se rapatrient ainsi via des diffusions sur la RTS, ou bien en VOD et en streaming sur les sites respectifs des festivals.
Une initiative qui a encouragé le distributeur suisse Trigon Film à revoir la sortie du film soudanais «You Will Die At 20», programmé dans le cadre du FIFF et dont la sortie en salles romandes était planifiée au 1er avril. Le film sera finalement disponible dès vendredi en streaming payant sur le site filmingo.ch. «Nous voulions profiter de la vitrine du FIFF pour que le film soit visible pour tous rapidement», explique Florence Michel, attachée de presse de Trigon Film.Pour le distributeur, cette sortie immédiate en VOD a pour but d'éviter un report indéterminé qui risquerait de surcharger l'offre estivale en salles.
Stand by
Une stratégie qui pourrait être suivie par d'autres? «Trop tôt» répondent en chœur la grande majorité des autres distributeurs suisses, qui se remettent à peine de l'énorme coup de massue qui a sonné toute l'industrie du cinéma. «Pour le moment, la plupart des films internationaux sont repoussés à une date ultérieure, affirme Diana Bolzonello Garnier, attachée de presse indépendante. Aucune décision n'a pour le moment été prise sur d'éventuelles publications en streaming ou VOD pour remplacer une sortie prévue pour les salles.» La situation de la pandémie évoluant de jour en jour, les distributeurs restent toutefois prudents et attentifs sur la question.
De l'autre côté de l'Atlantique, les choses commencent déjà à bouger du côté du géant Universal Pictures. En plus de publier prématurément en VOD ses films à peine sortis sur grand écran (c'est le cas du film d'horreur «The Invisible Man»), le studio a annoncé diffuser sur les plateformes dès vendredi son film d'action «Bloodshot» avec la star Vin Diesel et l'animé «Trolls 2», prévus respectivement les 25 mars et 10 avril en salles.
Agenda chamboulé
Quid des films qui venaient de sortir en salles obscures avant les restrictions gouvernementales? Laurent Dutoit, directeur de la société Agora, dont le documentaire «Citoyen Nobel», réalisé par le Lausannois Stéphane Goël sur le biochimiste Jacques Dubochet, était sur les écrans depuis le 4 mars, envisage une deuxième sortie en salles plutôt qu'un transfert précipité en VOD. «D'abord car c'est un film pensé pour le grand écran, ensuite pour être solidaire avec les exploitants de salles qui vivent une période extrêmement compliquée, et enfin car le marché du streaming n'est pas encore viable pour le film documentaire. Les perspectives sont trop faibles.» Un discours qui peut être amené à évoluer en fonction de la situation. «Pour le moment, notre agenda est chamboulé de deux mois. Si les salles étaient amenées à fermer trois à six mois, alors les dés seraient rejetés.»
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