Nous sommes en 1937 et Charles Ferdinand Ramuz signe «Si le soleil ne revenait pas». Le pitch? L’hiver, la naine jaune «ne brille jamais dans le village de Saint-Martin d’En Haut. Les habitants en ont l’habitude. Mais cette année-là, Anzevui, le vieux guérisseur, annonce qu’il ne reviendra plus jamais… «C’est écrit dans les livres…» Après les deux sécheresses estivales et hivernales que nous venons de vivre, le romancier vaudois aurait peut-être changé le concept de son thriller météorologique.

Un rédacteur en chef qui vous parle de la pluie et du beau temps, cela peut arriver. À l’instar du Jean de Florette de Pagnol, privé de sources, qui attend désespérément que les orages abreuvent ses récoltes, nous guettons le ciel. Ou plutôt, nous nous réjouissons que la pluie fasse son retour. C’est qu’elle est devenue rare. Et dans notre société capitaliste, tout ce qui est rare est cher. Surtout quand l’été est tellement brûlant qu’il en devient insupportable. Ou que l’hiver manque d’or blanc.
Qui aime bien châtie bien. D’ailleurs, les expressions autour «des gouttes d’eau provenant des nuages et tombant vers le sol» se déversent. L’Académie française, par exemple, rappelle qu’il pleut «des crapauds et des chats» en Alsace, «des curés» dans le Berry, «des dents de herse» en Franche-Comté, «des belles-mères» ou «des pressoirs de moulin» en Provence, des «chats pourris» en Picardie. Il tombe «des rabanelles» (des châtaignes grillées) ou «des jambes d’âne» dans le Languedoc, «des marteaux» ou «des fourches» en Bretagne. Chez les Anglais, il pleut «des chats et des chiens», «des tuyaux de pipe» en Hollande, «des pieds de chaise» en Grèce, «des bébés taupes» chez les Flamands, «du feu et du soufre» en Islande, «des trolls femelles» en Norvège, «des vieilles femmes avec des cannes» en Afrique du Sud, «des brouettes» en République tchèque, «à boire debout» au Québec, «des bateaux et des barils» en Catalogne.
«Il tombe «des rabanelles» ou «des jambes d’âne» dans le Languedoc.»
Donc, ce samedi, il pleut. Pour qui est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle? Est-ce que cela va durer? Quid des prochaines années? On essaie de vous expliquer tout ça. Moi, cela me donne envie de revoir le clip flashy de Jermaine Jackson et Pia Zadora: «When the Rain Begins to Fall». En plein cœur de ces années huitante où ruisselait tant d’insouciance.
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Éditorial – Si la pluie ne revenait pas?