Victoire nationaliste de la realpolitik en Corse
France Les indépendantistes ont tombé la cagoule. Sur l'île de Beauté, on ne parle plus que d'autonomie négociée.
La Corse s’est prise à rêver dimanche d’une île à nulle autre pareille, une île corse, habitée par des Corses, parlant le corse, édictant ses lois et, pourquoi pas, battant monnaie sous la surveillance de guerriers vêtus de noirs emblèmes à tête de Maure cousus sur la boutonnière…
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Mais le réveil est plus abrupt. L’heure des conférences de presse dans le maquis, encagoulés jusqu’aux oreilles, des nuits bleues, des assassinats vengeurs, des songes fous d’une Corse libre et indépendante laisse la place à un pragmatisme efficace alors qu’un vent d’indépendantisme souffle justement très fort en Europe. C’est la realpolitik au pays des passions et de la violence. De l’amour et de la haine. De l’espoir aussi d’une société corse enfin apaisée.
Délicat dans ces conditions de retenir le cheval, sinon par des propos rassurants montrant que les nationalistes corses unis ont décidément les pieds bien ancrés sur la «terra corsa». «La situation de la Corse n’a rien de commun avec celle de la Catalogne», tempère ainsi l’indépendantiste Jean-Guy Talamoni, en rappelant, entre autres, la distorsion économique entre la petite île balayée par le libeccio – ce vent fort et puissant qui glace parfois le sang l’hiver – et les puissants Catalans.
D’indépendance, il n’est donc pas question, mais d’autonomie oui, «pour aujourd’hui et demain», si l’on en croit le leader nationaliste Gilles Simeoni, à la tête de la coalition victorieuse Pè a Corsica. Beaucoup gardent pourtant dans un coin de leur tête ce rêve fou. Ils ont choisi de laisser le temps au temps. Le temps de croire que la Corse sera peut-être, un jour lointain, indépendante dans une Europe des régions préservée du joug des États. Mais dans l’île, tout le monde n’est pas d’accord. La grande inconnue, c’est la majorité silencieuse. Laquelle reste terriblement muette. Dimanche, 47,5% des électeurs ont boudé les urnes. Un record. (24 heures)
Créé: 11.12.2017, 22h50

Jean-Michel Verne,
Correspondant à Marseille
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