Virginie, porteuse de rose, 110 cm

Je crois être un peu comme tout le monde: quand je croise une personne spectaculairement handicapée, je la regarde, ce qui n’est pas bien, ou je me force à ne pas la regarder, ce qui n’est pas mieux, puisque cela se voit tout autant.
Comment résoudre cette question? Dans l’arène, j’ai repéré une toute petite chaise roulante sur laquelle est assise une toute petite personne qui participe au tableau de la Saint-Martin. Au sortir du spectacle, la voilà qui passe devant moi en compagnie de sa maman. Je vais dire bonjour. La petite personne, dans sa chaise, c’est Virginie, 27 ans, sa maman c’est Christine Biolley. Elles viennent de Renens.
Une maladie génétique a empêché Virginie de grandir. «Mais j’ai de la chance, dans ma famille les gens sont plutôt grands, alors je mesure quand même un mètre dix!» sourit Virginie. Elle n’en est pas à ses premiers spectacles. Il y a eu ceux de la Paternelle, à Lausanne, dans le chœur, et la Gymnaestrada. Si toutes les deux font la Fête des Vignerons, c’est parce que Christine en a envie depuis très longtemps. En 1977 elle était trop jeune, en 1999 il y avait la famille. Quand elle a entendu l’abbé-président à la radio, elle a foncé proposer à Virginie de la faire avec elle et sa fille a dit oui de tout son immense enthousiasme. La voilà donc qui assure son rôle sur sa chaise dont les roues ont changé d’allure. Les roses ont remplacé les dragons.
Mais est-elle une ambassadrice des personnes handicapées? «Oui, avec les autres. Le fait que nous soyons dans la fête montre que c’est possible. Mais il faut aussi que nous, les handicapés, nous osions davantage demander à faire des choses. Partout. Toujours. Oui, osons demander!»
Pas si simple. Parce qu’elle est lente dans tout ce qu’elle peut faire, Virginie ne trouve pas d’emploi. «On ne me laisse pas travailler, alors à la maison j’écris des petites nouvelles. En ce moment, je planche sur l’histoire d’une archéologue handicapée qui fait des fouilles en Égypte. Je dessine, je filme.»
J’ai bien fait de m’arrêter auprès de Virginie la porteuse de rose: cela m’a permis de comprendre, un peu, la vie de Virginie «la minuscule mais pas tant que ça» quand il n’y a pas d’arène, pas de costume.
Et là, ce n’est pas tous les jours fête.
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