PrésidenceLes tempêtes qui attendent Simonetta Sommaruga
Cinq ans après sa première présidence, la socialiste bernoise, rompue à la diplomatie, reprendra à nouveau les rênes de la Confédération.
Simonetta Sommaruga reprend les rênes de la Confédération en 2020. Cinq ans après sa première présidence, la socialiste bernoise de 59 ans pourra capitaliser sur son expérience. Son récent changement de département lui complique la tâche, mais elle n'est pas du genre à reculer devant les obstacles.
Détendre les relations avec l'UE sera à nouveau son principal défi de présidente. Hors de portée en 2015, le dégel ne semble pas plus facile à obtenir. Les équipes européennes ont toutefois changé et cela pourrait insuffler une nouvelle dynamique aux relations.
Un «oui» en mai des Suisses à l'initiative de l'UDC en vue de résilier la libre circulation des personnes avec l'UE placerait Simonetta Sommaruga au coeur d'une tempête diplomatique. Mais la présidente pourra envoyer au front Karin Keller-Sutter, qui a hérité cette année de son Département de justice et police.
Débuts difficiles
Huit ans après avoir été forcée par la droite de reprendre ce dicastère ingrat, Simonetta Sommaruga a endossé en janvier avec plaisir les habits de ministre de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication. L'occasion de renouer avec des thèmes qu'elle connaît bien comme ancienne présidente de la fondation alémanique de défense des consommateurs.
Bien des patates chaudes l'ont accueillie. Elle a déjà pu capitaliser sur les grèves de jeunes sur le climat pour faire bouger le parlement et a rallié le gouvernement à l'objectif très ambitieux de zéro émission nette de carbone à l'horizon 2050. Mais rien n'est joué. La pianiste de formation devra aussi faire preuve de doigté en matière d'aménagement du territoire et redessiner les contours du paysage audiovisuel mieux que Doris Leuthard.
Les groupes d'intérêts à concilier ne sont pas les mêmes que ceux qu'elle a côtoyés à la tête de justice et police. À ce poste, Simonetta Sommaruga peut toutefois se targuer d'un bilan plus qu'honorable: elle a réussi à réformer l'asile tout en restant populaire.
Tête de turc de l'UDC
Dès son arrivée en novembre 2010, l'UDC avait pourtant trouvé sa tête de turc. Présentée comme la source de tous les problèmes concernant les étrangers et la criminalité, la socialiste réservée a presque toujours su garder son calme et son cap. Elle a aussi montré des nerfs d'acier pour gérer la colère de Bruxelles après le «oui» des Suisses à l'initiative contre l'immigration de masse en 2014.
La Bernoise a toujours été collégiale à l'égard du gouvernement. En public, elle a fidèlement défendu ses positions, parfois trop aux yeux de ses camarades de parti. Certains n'ont jamais digéré qu'elle ait remis en cause certaines orientations du PS par le passé, se plaçant dans une ligne plus sociale-libérale.
Ils n'ont pas compris qu'elle renoue avec l'accueil de contingents de réfugiés tout en défendant des tours de vis soutenus massivement par le peuple en 2013. La Bernoise préparait déjà sa grande réforme pour accélérer les procédures d'asile en les centralisant dans des centres fédéraux sans négliger les droits des requérants. Elle rafle la mise avec près de 68% d'adhésion populaire en 2016.
Tables rondes
La ministre est une adepte des tables rondes. Cela lui réussit pour rallier les cantons à sa politique d'asile ou sur la question des enfants placés. La méthode marche moins bien avec l'UDC: associer le parti à la mise en oeuvre de son initiative sur le renvoi des criminels étrangers revient à faire entrer le loup dans la bergerie, a appris la ministre à ses dépens.
Sa première présidence de la Confédération avait déjà propulsé Simonetta Sommaruga en première ligne après les attentats de Paris. Elle n'avait pas hésité à muscler l'arsenal policier et juridique contre la menace terroriste.
Perfectionniste, la cheffe aime assurer ses arrières et ne laisse rien au hasard avec son personnel. Quitte à se séparer d'un jour à l'autre du directeur de l'Office des migrations en poste à son arrivée. Le coup d'éclat était toutefois inhabituel pour la conseillère fédérale.
Moins crispée
Elle qui pesait ses mots en début de mandat, pouvant paraître crispée malgré sa solide maîtrise des langues, s'est libérée petit à petit. Simonetta Sommaruga a osé donner son avis personnel sur des sujets qui la touchent et appris à manier le registre émotionnel.
Artisane de la modernisation du droit de la famille, la socialiste sait procéder par petits pas pour faire avancer les causes qui lui sont chères. C'est elle qui a convaincu le Conseil fédéral d'intervenir contre la discrimination salariale des femmes. Les attentes à l'égard de la nouvelle présidente et ministre des infrastructures sont très fortes. De quoi décupler sa détermination.
ats
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