Jacqueline de Quattro, alors ministre vaudoise de la Sécurité, en parlait déjà en 2010. La violence domestique touche d’abord les femmes, majoritairement des conjointes ou ex-conjointes. Un moyen de lutte est l’interdiction de périmètre et le bracelet électronique pour la faire respecter. En cas d’abus, une surveillance active permet l’arrestation immédiate de l’agresseur.
Douze ans après, la Suisse accouche d’une souris. Un bracelet pour les maris violents est bien entré en vigueur au début de cette année, mais il s’agit d’une demi-mesure molle qui ne répond pas à l’objectif de départ. Le contrôle est passif, a posteriori. L’appareil ne permet pas une protection serrée. Il est un simple moyen de preuve, en cas de passage à l’acte.
Résultat? Notre décompte montre que les cantons latins n’ont pas encore fait usage de ce nouvel outil qui était pourtant présenté comme décisif. Seul Vaud l’a activé, mais une seule fois, en janvier dernier. La violence domestique sévit pourtant continuellement, jour après jour.
«Le bracelet n’est pas la panacée, mais il reste un précieux rempart.»
Les autorités répondent que la surveillance active coûte cher. Celle-ci nécessite un centre de contrôle, des commissariats spécialisés, des patrouilles supplémentaires. Les cantons, compétents en matière de police, regroupent leurs forces pour créer et financer ce régime. Conscients de la faiblesse du système actuel, ils planchent sur son amélioration dès 2025.
2010, 2022, 2025. Quel sera le prochain délai? Le temps presse. Chaque année, le pays subit une moyenne annuelle de 15 à 20 féminicides conjugaux. Le bracelet n’est pas la panacée, mais il reste un précieux rempart. L’Espagne applique cette surveillance active depuis longtemps, avec succès. Pourquoi pas chez nous? La politique est aussi une question de priorité.
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Éditorial – Simple question de priorité
La Suisse dispose désormais du bracelet électronique pour lutter contre la violence domestique. Un départ en demi-teinte.