Sacrée musiqueSix disques de gospel à ouïr pour Noël
Des pionniers du «spiritual» à la figure iconique de Mahalia Jackson, notre sélection d’albums pour se plonger dans la ferveur vocale des Afro-américains.

Originel
«Swing Low, Sweet Chariot». En 1870, l’université noire de Fisk, fondée à Nashville après la guerre de Sécession pour éduquer les esclaves libérés, faisait tourner son chœur d’hommes afin de financer l’institution. Ainsi sont nés les premiers Fisk Jubilee Singers, sur le modèle des quartets vocaux masculins en vogue dans le répertoire des «spiritiuals», chants directement issus des groupes d’esclaves, puis les gospels. A capella, dépouillés au possible, avec ce côté folk propre aux pionniers. FGO
«Fisk Jubilee Singers Vol. 1, 1909-1911», Fisk Jubilee Singers (Document Records)
Fondateur
De confession évangéliste, comme la majorité des praticiens du gospel, Thomas Andrew Dorsey, né dans la campagne de Géorgie en 1899, décédé à Chicago en 1993, a débuté dans le blues avant de composer un nombre considérable d’hymnes à la foi, réalisant d’extraordinaires ventes discographiques. Dorsey peut se targuer d’avoir lancé «l’âge d’or du gospel» dans les années 1940, en compagnie de sa contemporaine, l’interprète Sallie Martin (1895-1988). Chant solo, piano, Hammond, la formule a fait florès. FGO
«The Maestro Sings», Thomas A. Dorsey (Sound of Gospel Records)
Fameux
Mahalia Jackson, reine du gospel. Celle qui a vu le jour en 1911 à La Nouvelle-Orléans et fera carrière à Chicago avant de rendre son dernier souffle en 1972, a profondément influencé les musiques populaires, le rock’n’roll en particulier. Parmi les succès de la première femme faite star par la communauté afro-américaine, noter cet album paru en 1954, qui comprend le célébrissime «When the Saints Go Marching In», mille fois entendu, jamais aussi agile et clair qu’avec Mahalia. FGO
«The World Greatest Gospel Singer», Mahalia Jackson (Columbia)
Brut
La pratique de la prière collective n’est pas forcément le ronron somnolant du dimanche à l’église du coin. On s’en convaincra avec cette compilation de gospels américains aussi vintage que sauvages. Entre R’n’B chaotique et blues hypnotique, la plupart de ces cantiques punks datent des sixties et ne figuraient à l’origine que sur d’obscurs 45 tours. Ici, on glorifie le Seigneur, on conspue le diable, on crache ses péchés avec une fièvre inouïe, sur fond de guitares hystériques. Aux amateurs de chant brut, un aller simple pour le paradis. JES
«Go Devil Go!», compilation (Jerome Records)
Cinématique
On sait la prééminence de Hollywood dans la construction de l’imaginaire collectif. Comme chacun sait, les bonnes sœurs sont de confessions catholiques? Il faudra de la pop, du rock, du R’n’B et du gospel, beaucoup de musique au final, pour les attirer du côté mélodique de la Réforme. Whoopi Goldberg en maîtresse de chorale, le film sorti en 1992 refait dans sa bande originale le chemin de la soul music, des chants d’esclaves au disco, «I Will Follow Him» en guise d’apothéose devant le pape en visite au couvent. FGO
«Sister Act», Bande originale de film (Hollywood Records)
Hip-hop
Quoi qu’il advienne de l’esprit perturbé de Kanye West, ainsi de ses déclarations douteuses à l’endroit de la politique états-unienne, sa musique reste essentielle pour le XXIe siècle. Génie du collage hip-hop, as de la scansion rappée, celui qui préfère actuellement se nommer Ye, livrait en 2019 un opus fascinant, tirant de la chorale gospel, des orgues pénétrantes et des refrains brillants matière à soutenir son dithyrambe religieux, «Follow God», «Jesus is Lord» et autre «Use This Gospel» languissant de soul sensuelle. FGO
«Jesus is King», Kanye West (GOOD, Def Jam)
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