Première scénique d’un opéra composé en 1898Sortir «L’Ombra» de l’ombre
Luc Birraux et Antoine Rebstein ressuscitent à Vevey un opéra de chambre d’Ugo Bottacchiari, compositeur italien oublié du début du XXe siècle.

L’opéra baroque italien bénéficie aujourd’hui d’un si vif intérêt qu’on exhume des ouvrages à la pelle. C’est nettement plus rare concernant la période postromantique. D’où l’importance de saluer l’entreprise courageuse de la jeune compagnie Operatic pour offrir une première mise en scène à «L’Ombra» à Vevey ce samedi 5 mars et à Romont le 12. On sait très peu de choses sur Ugo Bottacchiari (1879-1944), élève de Pietro Mascagni, compositeur et mandoliniste dont l’unique opéra, écrit lorsqu’il était encore étudiant, n’a connu qu’un enregistrement audio dans les années 60.
Huis clos fantastique
L’existence de cet ouvrage inédit a été signalée par le ténor Louis Zaitoun, mais il a fallu toute une aventure pour mettre la main sur la partition manuscrite dans la Bibliothèque municipale de Castelraimondo, dans les Marches, lieu de naissance du compositeur. La qualité de la musique et l’originalité d’un drame en un acte, présentant Wolfango et le spectre de Marguerite, son amour de jeunesse défunt, ont convaincu le metteur en scène Luc Birraux et le chef d’orchestre Antoine Rebstein d’en faire un opéra de chambre. «Il est assez rare d’avoir à cette époque des opéras avec une aussi grande économie de moyens, un couple et un chœur de quatre femmes dans une histoire à huis clos», détaille Antoine Rebstein. Pour cette production, interrompue quelques jours avant la création à Vevey en mars 2020, le chef a commandé à Kevin Juillerat une réduction de l’accompagnement symphonique pour double quintette à cordes et à vent enrichi d’un piano et de percussions, interprété par la Camerata Ataremac.
«La version scénique que nous venons de retravailler a encore profondément évolué depuis 2020.»
Écrit dans la veine stylistique du vérisme proche de Puccini, «L’Ombra» rappellera bien des fantaisies littéraires romantiques chères à Théophile Gautier ou E.T.A. Hoffmann, traversées aussi par l’exploration de l’inconscient qui germe au tournant du XXe siècle. «La version scénique que nous venons de retravailler a encore profondément évolué depuis 2020, précise le chef d’orchestre. Luc Birraux en tire une puissante réflexion autour du deuil et de la folie.»
Vevey, Théâtre du Reflet
Sa 5 mars (20 h)
www.lereflet.ch
Romont, Théâtre Bicubic
Sa 12 (20 h)
www.bicubic.ch
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