Conseil communal de LausanneSous les hauts cris de la droite, la taxe de séjour augmente
La hausse est jugée injuste pour les hôteliers par le camp bourgeois. Elle sera cependant reportée d’un an au moins.

Voulue par les Communes de la région, l’augmentation de la taxe de séjour a longuement animé le Conseil communal de Lausanne mardi soir. À l’enseigne du FERL (Fonds d’équipement touristique de la région lausannoise), la taxe de séjour pour les touristes doit être augmentée de 2 fr. 50, en moyenne, par nuitée et par personne.
Si la somme semble modique, elle met au supplice les hôteliers, un secteur gravement affecté par la crise sanitaire. Mardi soir, la droite a mis la dernière énergie à combattre cette hausse qui tombe au plus mauvais moment.
Faire payer Airbnb
Qu’elle consacre aussi la taxation des plateformes de location en ligne de type Airbnb ou qu’elle finance Beaulieu et le Swiss Tech Convention Center lui semble secondaire au regard de son futur impact sur le touriste et donc sur le tourisme.
À la manœuvre, le PLR Jacques Pernet, hôtelier. Pour l’élu, il faudra encore quatre ou cinq ans avant que les hôtels de Lausanne ne retrouvent leur rythme de croisière: «Ce règlement a été concocté en 2018-2019: une autre époque!» s’exclame-t-il. Pour son collègue Antoine Piguet, restaurateur, il s’agit là d’une nouvelle taxe «anachronique et injuste». «Vous nous dites que ce n’est pas l’hôtelier mais le touriste qui paiera; or, les hôteliers absorberont eux-mêmes la hausse pour rester attrayants.»
«Ce règlement a été concocté en 2018-2019: une autre époque!»
Dans le groupe du Centre et des Vert’libéraux, Stéphanie Mooser s’emporte et parle «avec ses tripes»: «La crise n’est même pas encore terminée, dit-elle. Il faut arrêter de maintenir la tête des hôteliers sous l’eau: le Canton a communiqué récemment que leur bilan affichait un recul de 38%.»
Pour le PLC, l’UDC, le PLR, les Vert’libéraux (Centre), soit toutes les composantes de la droite lausannoise, le Conseil communal ne devrait pas accepter un nouveau règlement sur lequel il n’a aucune prise. Il est intercommunal et le Conseil ne peut que l’accepter ou le refuser.
Une gauche discrète
À gauche, les voix se font plus discrètes que d’habitude. Cela n’empêche pas Johann Dupuis, d’Ensemble à Gauche, de battre en brèche les arguments selon lesquels la hausse sera dissuasive pour les visiteurs: «La droite peint le diable sur la muraille. L’impact financier ne sera que de deux francs cinquante sur quelque cent francs par nuit. À Lausanne, les touristes ne sont pas des backpackers en sandales mais des gens en costard ou des gens fortunés qui ont les moyens de venir en Suisse.»
Le syndic Grégoire Junod, quant à lui, ne «peut pas laisser dire» que la Municipalité ne soutient pas le secteur de la restauration et des hôtels. Il rappelle notamment les loyers oblitérés par la Ville pendant la crise et les encouragements divers à étendre les terrasses, acheter local, etc.
La hausse de la taxe n’est en outre pas inventée pour le plaisir de taxer: «Nous avons besoin de moyens pour développer le tourisme», fait-il valoir. Il annonce cependant que le règlement n’entrera pas en vigueur avant 2023 ou 2024. Au vote nominal, le Conseil a accepté la hausse à 56 contre 24 avec 6 abstentions.
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