Création d’un oratorio par un moine compositeur«Splendor» est comme une Sagrada Família sonore»
Le Père Theo Flury a mis toute sa foi et sa science musicale dans son opus magnum défendu par l’Ensemble Vocal de Lausanne dès le 9 juin.

L’Ensemble Vocal de Lausanne (EVL) termine sa saison avec une création mondiale en tournée internationale: «Splendor», le chef-d’œuvre du Père Theo Flury. Compositeur, organiste, moine bénédictin d’Einsiedeln, le Bernois est une figure rayonnante de la musique sacrée. Son oratorio sera interprété pour la première fois le jeudi 9 juin à Lausanne avant d’être repris à Carouge, à Einsiedeln et à Salzbourg sous la direction de Pierre-Fabien Roubaty. Il réunit les forces de l’EVL, du Chœur Arsis, du Sinfonietta de Lausanne, de quatre solistes et de Gilles Cantagrel, récitant. Rencontre avec un passionné.
Avez-vous toujours composé de la musique sacrée?
En majeure partie, mais j’ai aussi composé des concertos. Ma première œuvre est d’ailleurs un concerto pour orgue et fanfare militaire! Depuis que je suis retourné à Einsiedeln en 1988 après mes études à Rome, j’ai toujours eu la chance d’écrire sur commande et sans devoir le faire pour en vivre.
Quels sont vos liens avec Pierre-Fabien Roubaty, qui dirige votre œuvre?
C’est une longue histoire d’amitié. À l’origine, il s’agit d’un contact avec Pierre-Georges Roubaty, qui était maître de chapelle à la cathédrale de Fribourg. Il m’avait commandé un oratorio pour l’Ensemble Vocal de Villars-sur-Glâne, qu’il dirigeait. Lors de la création en 1996, son fils, Pierre-Fabien Roubaty, était mon assistant à l’orgue. Aujourd’hui, il dirige l’EVL et le Chœur Arsis!
Dans quelles circonstances avez-vous composé «Splendor»?
C’est le 3e oratorio commandé par Pierre-Georges Roubaty. J’y ai travaillé pendant douze ans et résume tout ce qui est important pour moi. Il m’a été inspiré par l’abandon à Einsiedeln d’une antienne qu’on chantait à la Chandeleur, remplacée par un cantique en allemand. J’ai eu envie de sauver de l’oubli cette tradition grégorienne et aussi de méditer sur des textes sacrés et liturgiques. Pour moi, les textes sont la poudre du café soluble et la musique l’eau qu’on ajoute pour pouvoir assimiler le sens et l’essence des paroles.
Votre musique fait référence autant à la tradition ancienne qu’au style romantique et moderne. Selon quelle logique?
Nous n’avons que douze notes à disposition et il est indispensable de varier les moyens d’expression pour ne pas ennuyer les auditeurs. Je ne me suis jamais soumis à un dogme esthétique. Les textes liturgiques sont mis en musique dans le style issu du grégorien ou de la polyphonie classique alors que les textes dramatiques et leurs émotions fortes appellent un langage plus contemporain. Sans atteindre le niveau de la Sagrada Família de Barcelone, «Splendor» est une cathédrale sonore à ma manière.
Lausanne, Saint-François, je 9 juin (20 h)
Carouge, église Sainte-Croix, di 12 juin (17 h)
Einsiedeln, Kloster, sa 18 juin (18 h 30)
Salzbourg, Salzburger Dom, di 3 juillet (18 h 30)
www.evl.ch
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