Site naturel à AubonneStar montante, l’Arboretum se prépare à un printemps de f(l)ou
Devenu payant en 2019, le parc ne cesse de gagner en popularité. Le phénomène est promis à durer avec l’arrivée des beaux jours et le maintien de restrictions sociosanitaires.

Les routes d’accès à plusieurs domaines skiables bloquées pour éviter un afflux trop important: des scènes inédites se sont déroulées ces dernières semaines dans le canton de Vaud. Ces effets collatéraux du Covid, l’Arboretum d’Aubonne n’a pas attendu cet hiver pour les connaître. «Dès la rentrée scolaire 2020, le nombre de visiteurs a explosé avec l’apparition de couleurs automnales. On a observé des choses que l’on n’avait jamais vues avec parfois 40 minutes de trafic pour venir chez nous!» se souvient le directeur du parc Pascal Sigg.
Une situation tout à fait inédite pour le site naturel encaissé dans le vallon de l’Aubonne, habitué à recevoir entre 60’000 et 80’000 visiteurs en année «normale». Mais peu surprenante quand on connaît la fonction du lieu. «On ne se contente pas de présenter la biodiversité des arbres et dans la forêt, on permet aussi aux gens de prendre l’air et se promener, avec des facilités: divers sentiers bien indiqués, des infrastructures, des places de pique-nique et de feux, des toilettes… On sent bien que ça répond au besoin d’une population qui est moins équipée ou formée que pour aller dans la grande nature sauvage.»
Goudronnage «express»
S’il a été impossible de mesurer avec précision la hausse de la fréquentation l’année dernière, il a en revanche fallu s’adapter à ce gain de popularité soudain. «On a dû rapidement réagir en prenant la décision de rénover une route et de la goudronner sur-le-champ, le tout avec l’autorisation des services forestiers et de la commune, poursuit l’horticulteur de formation. On a alors mis en place un circuit à sens unique pour fluidifier le trafic à destination de l’Arboretum.»
La fin d’année a été exceptionnelle, mais cela fait déjà quelques années que la collection botanique d’arbres et d’arbustes du monde entier voit son dynamisme récompensé. Et le son nombre d’aficionados s’étoffer. «Les gens découvrent toujours plus le lieu par le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux. Le profil plus citadin et moins abonné aux randonnées en extérieur est de plus en plus courant, là où on comptait surtout des habitués par le passé. À ce titre, l’épidémie a indéniablement joué un rôle d’accélérateur», analyse Pascal Sigg.
«Cette année, on espère pouvoir tenir notre fête du printemps et continuer à organiser des activités pour les visiteurs, mais on s’adaptera. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne va pas rien faire.»
La tendance est on ne peut mieux accueillie par l’Arboretum, qui avait dû prendre la difficile décision de devenir payant en 2019. Un virage serré après cinquante ans de gratuité, mais une «nécessité pour survivre». Les comptes de l’association propriétaire du site manquaient en effet à chaque exercice d’une centaine de milliers de francs pour faire tourner les «affaires courantes», allant de l’entretien des 60 kilomètres de sentiers aux nettoyages des sanitaires. Et ce, malgré l’appui indispensable de 150 bénévoles tout au long de l’année. Avec 6,5 employés plein temps et un budget se chiffrant au million de francs, c’est une véritable entreprise qui doit rentrer dans ses frais le long de l’Aubonne. La direction se refuse toutefois à faire la police, les visiteurs étant invités à glisser un billet de 10 francs à l’entrée.
Aujourd’hui, la situation s’est redressée positivement pour l’association. La recherche de fonds a été considérablement renforcée, contribuant de fait à la bonne santé financière. «Malgré la pandémie, il n’y a eu aucun licenciement, même si tous les projets de développement ont été suspendus», commente Pascal Sigg.
Hâte du printemps
À l’aube de l’une des deux hautes saisons du site, le directeur croise les doigts pour bénéficier d’une météo clémente et de mesures permettant de surfer sur la «notoriété bondissante». La principale inconnue reste en effet la palette de services que pourra offrir l’Arboretum.
«On avait dû mettre le personnel d’accueil à l’arrêt et fermer les infrastructures pendant un mois et demi le printemps dernier, ce qui avait constitué une perte sèche dans une période habituellement porteuse. Cette année, on espère pouvoir faire notre fête du printemps le 28 mars et continuer à organiser des activités pour les visiteurs, mais on s’adaptera. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne va pas rien faire», conclut le responsable dans un grand sourire.
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