Santé: les Suisses paient le plus de leur poche
Assurances maladiesSur un total de 80 milliards de francs de dépenses de santé en 2016, les Suisses en ont déboursé 24 milliards. Ils sont les champions du monde des dépenses privées par habitant.
Avec l'automne qui arrive, les Suisses seront bientôt fixés sur la nouvelle hausse des primes pour l'assurance maladie qui les attend. Et comme chaque année, cette augmentation va faire grincer bien des dents.
Une étude réalisée pour le compte du comparateur sur Internet Comparis.ch révèle que, sur un total de 80 milliards de francs de dépenses de santé en 2016, les Suisses ont payé 24 milliards de francs de leur poche. Un tiers des frais médicaux est donc financé par les assurés eux-mêmes.
Champion du monde
Du coup, ces 24 milliards de francs font de notre pays le champion du monde des dépenses de santé privée par habitant, juste devant les États-Unis. «Si l’on considère les chiffres relatifs de 40% de financement privé et de 60% de cotisations obligatoires, la Suisse se situe au même niveau qu’Israël, la Grèce et le Chili en termes de dépenses de santé», précise Comparis. A titre de comparaison, en France ou en Allemagne, le financement privé ne représente que 15%.
Kurztagung zum Zusatzversicherungsmarkt von @comparis in Bern: Schweizer zahlen fast so viel privat an Gesundheitsausgaben wie Grundversicherungsprämien. Die Zahlungsbereitschaft ist gross. pic.twitter.com/aEh4NmPjP4
— Elisabeth Rizzi (@Eli_Rizzi) 28 août 2018
L'étude souligne que 80% de ces 24 milliards provient de paiements directs effectués volontairement par les assurés eux-mêmes. On y trouve notamment les frais de prise en charge en EMS (5,5 milliards de francs), des prestations médicales payées directement (3 milliards), les frais de dentiste (2,8 milliards) ou de médicaments (1,6 milliard).
Les complémentaires pointées du doigt
Les assurances complémentaires ont également coûté très cher aux Suisses. Avec 5,4 milliards de francs, leur part a représenté 20% des frais de santé payés par les assurés eux-mêmes en 2016, explique Comparis.
C'est d'ailleurs dans ce domaine, où il n'est quasiment plus possible de changer d’assurance à partir de 50 ans, que les assureurs maladie affichent de faibles taux de sinistres et donc des marges bénéficiaires d'autant plus élevées, souligne le comparateur. En particulier, dans le domaine des séjours hospitaliers, secteur le plus lucratif pour eux.
Le peloton de tête des profiteurs les plus importants rassemble ainsi le Groupe Mutuel, avec un taux de sinistres de 56% sur la période 2008-2016, coiffant même ÖKK et Sympany au poteau (57% chacun). Les deux leaders du marché Helsana (74%) et la CSS (68%) se situent dans la moyenne, précise l'étude.
Bientôt la fin d'une époque?
Selon l'auteur de l'étude, l'économiste Pius Gyger, les besoins de la population vont bien au-delà des prestations couvertes par l'assurance maladie de base. De plus, la disposition des Suisses à payer pour des services de santé au-delà de cette offre est élevée.
Mais selon Felix Schneuwly, expert en assurance maladie chez Comparis, il est urgent que les assureurs fassent preuve d'innovation, faute de quoi cette belle période pour eux pourrait rapidement être révolue.
«Les recettes des primes de l'assurance complémentaire pour les malades hospitalisés sont désormais largement utilisées pour le financement des prestations obligatoires de l'assurance de base et pour des tâches nécessitant un financement public, comme l'enseignement et la recherche», explique le spécialiste. L'Autorité des marchés financiers veut d'ailleurs désormais empêcher ce principe de vases communicants.
Dynamisme et innovation
Selon lui, la prise en charge ambulatoire de la médecine dite aiguë a aussi passablement mis la pression sur les assurances complémentaires d'hospitalisation stationnaire. Avec leur modèle de division d'hospitalisation flexible (Flex), moins cher, les assurés peuvent en effet décider au cas par cas de passer en division semi-privée ou privée, économisant ainsi des dizaines de milliers de francs au fil des années.
Felix Schneuwly appelle donc la branche des assurances à être plus dynamique et à travailler avec des fournisseurs de prestations médicales innovants afin de pouvoir proposer des produits complémentaires attractifs et réagir encore à temps à ce glissement.
Il voit également un potentiel supplémentaire dans le domaine des produits d'assurance pour soins de longue durée, qui reste à ce jour une niche absolue en Suisse. Ces produits sont chers et ne sont pas adaptés aux besoins de l'assuré, constate-t-il. Il faut donc innover aussi dans ce secteur.
(nxp)
Créé: 28.08.2018, 12h00
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