L’armée de l’air quitte Sion, le Valais se frotte les mains
ArméeLa base aérienne sédunoise passera en mains civiles dès 2018. Ville et Canton ont obtenu des compensations.

Les F/A-18 qui décollent dans un tonnerre de décibels au-dessus des collines de Valère et de Tourbillon, c’est bientôt fini. Ou presque. Les vols réguliers des Forces aériennes à Sion prendront fin le 31 décembre 2017. Le site valaisan sera alors exclusivement dévolu à l’aviation civile, mais restera à disposition de l’armée comme aérodrome de dégagement. Un dispositif allégé qui permettra aux jets de combat d’y atterrir en cas d’urgence et d’y opérer pendant des périodes limitées – par exemple lors du Forum de Davos.
Cette issue était pressentie depuis l’annonce, fin 2013, de la fermeture de cinq places d’armes et de deux bases aériennes (Sion et Buochs), dans le cadre de la cure minceur imposée à l’armée. Mais elle est le fruit de longues négociations entre les autorités fédérales, cantonales et la Ville de Sion. «Tout est bien qui finit bien!» s’est réjoui mercredi le conseiller d’Etat Oskar Freysinger, après avoir signé un accord de principe avec le conseiller fédéral Guy Parmelin. Lequel évoque, lui aussi, une solution «gagnant-gagnant».
Police militaire centralisée
L’Exécutif de Sion souhaitait depuis longtemps que les bruyants avions militaires débarrassent le plancher; il a eu gain de cause. Le gouvernement valaisan, que l’impact économique du départ des Forces aériennes inquiétait vivement, se dit rassuré. D’une part, le centre d’apprentissage des polymécaniciens sera maintenu, le Département fédéral de la défense (DDPS) ayant accepté de le financer jusqu’en 2029. D’autre part, ce même DDPS assumera l’entretien des infrastructures jusqu’en 2021, après quoi elles passeront en mains civiles. Enfin, le Valais obtient une compensation de poids: la police militaire, aujourd’hui répartie aux quatre coins du pays, sera centralisée à Sion pour gagner en efficacité. A la clé, une centaine de postes de travail, deux écoles de recrues par an et d’importantes retombées pour l’économie locale.
«La Confédération a fait preuve d’un remarquable sens du fédéralisme», insiste Oskar Freysinger. Le conseiller d’Etat UDC a sorti sa calculette: le DDPS injectera au total 66,5 millions de francs à Sion d’ici à 2029.
De son côté, Guy Parmelin a non seulement bétonné la présence d’un aérodrome de repli au cœur des Alpes, mais il est en passe de compenser toutes les suppressions de postes qu’entraîne la fermeture de la base de Sion. Sur 91 employés concernés, seuls trois n’ont pas encore pu être replacés. Les autres ont pour la plupart trouvé une solution à l’interne, en profitant notamment du déploiement de la sécurité aérienne vingt-quatre heures sur vingt-quatre – en particulier à Payerne et à Meiringen (BE).
Reste à savoir si l’aéroport de Sion pourra vivre, à long terme, sans sa composante militaire. Il a enregistré 40 000 décollages et atterrissages en 2015, pour 26 000 passagers. L’ensemble occupe 100 hectares au milieu de la plaine du Rhône. Sur l’échiquier politique, certains estiment qu’un développement industriel et technologique doit être envisagé sur une partie de cette surface. «Ces discussions auront lieu dans un deuxième temps», promet Oskar Freysinger.
Marcel Maurer, président de la Ville de Sion, croit au potentiel des vols civils. Il rappelle que Swiss proposera une liaison entre Londres et le Valais cet hiver. «Nous venons de discuter avec une autre compagnie qui veut amener du trafic depuis des villes européennes», ajoute-t-il. Sans oublier l’aviation d’affaires, qui décolle peu à peu. «Les jeunes polymécaniciens qui sortent du centre de formation pourront trouver de l’embauche sur place, même sans les Forces aériennes», imagine déjà Marcel Maurer.
Créé: 07.12.2016, 12h31
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