Symbios Orthopédie accélère sa course grâce à ses prothèses sur mesure
La société d'Y-Parc, qui fabrique des implants de hanche et de genou haut de gamme, affiche une forte croissance et veut s'agrandir.

Touchée par l'usure du cartilage – l'arthrose – en raison de l'âge, d'un excès de poids ou d'une autre maladie dégénérative, parfois génétique, la mécanique humaine se dégrade pas à pas. Vieillissement de la population oblige, la chirurgie orthopédique est de plus en plus souvent appelée à la rescousse pour la pose d'implants de reconstruction des hanches et des genoux. Symbios Orthopédie, née il y a trente ans et installée aujourd'hui à Yverdon-les-Bains, a développé toute une gamme de produits dans ces deux catégories de dispositifs médicaux. Après avoir obtenu la certification médicale pour l'Europe, sa nouvelle prothèse de genou sur mesure a été lancée l'an dernier sur le marché suisse et européen. Symbios compte ainsi accélérer sa croissance et réfléchit déjà à s'agrandir.
Simulation numérique 3D
L'entreprise, qui emploie 130 collaborateurs dans le parc technologique Y-Parc, sur un total de 180 dans le monde, s'est spécialisée dans la fabrication d'implants sur mesure grâce aux nouvelles technologies, comme la simulation numérique en trois dimensions, la robotisation ou l'impression 3D industrielle. Ces innovations ont été développées avec plusieurs instituts de recherche – dont l'EPFL et la HEIG-VD – et des chirurgiens orthopédistes de renom, notamment au CHUV. Ces procédés permettent de personnaliser les composants de ce matériel, tout comme l'opération elle-même, en fournissant des instruments d'opération spécifiques et jetables, en fonction de la physionomie du patient. À Yverdon, dans le bureau technique de Symbios, une équipe d'ingénieurs et de techniciens de près de 40 personnes planifie chaque opération en 3D en collaboration avec le chirurgien, puis dessine des prothèses adaptées à l'anatomie de chaque patient. Une fois validé par le chirurgien, le matériel orthopédique, constitué de différents matériaux biocompatibles, comme des alliages en titane, passe à la production. Il faut compter environ six semaines entre la commande et l'intervention chirurgicale.
«Nous recréons une articulation fonctionnelle avec différents composants, qui permet de faire disparaître la douleur causée par l'arthrose. Notre longue expérience avec la prothèse de hanche sur mesure nous montre que nous parvenons à d'excellents résultats par rapport aux implants standards», explique Florent Plé, président et directeur général de Symbios Orthopédie SA, en nous présentant les pièces constituant ces prothèses. Il compare les nombreux paramètres anatomiques qui varient d'une personne à l'autre, justifiant ainsi un matériel sur mesure. D'autant plus, dit-il, que, même si cet implant est un peu plus cher qu'un produit standard, «le coût de l'opération sera plus économique grâce aux gains d'efficacité au bloc opératoire et l'élimination des coûts cachés de stérilisation et de gestion du matériel orthopédique.»
Poursuivre une activité sportive
La moyenne d'âge des personnes opérées, indique-t-il, a tendance à baisser, favorisée par la volonté des personnes souffrantes de poursuivre une activité sportive ou de loisirs. Mais, dans le même temps, l'arrivée de nouveaux produits d'orthopédie plus performants permet de soigner des patients plus âgés.
C'est le père de l'actuel PDG de Symbios, Jean Plé, alors directeur général pour l'Europe du leader mondial de cette branche, qui a eu l'idée de se lancer dans ce marché de niche, avec le professeur marseillais Jean-Manuel Aubaniac et Jacques Essinger, entrepreneur pionnier des biotechs, qui a conçu le premier logiciel pour la fabrication de prothèses sur mesure. Convaincus du potentiel de ce produit plus pointu que la production standardisée, ils ont ouvert un bureau d'études à Morges en 1989. Après avoir racheté le sous-traitant chargé de fabriquer les prothèses – l'atelier Maurer, à Corcelles-près-Payerne –, Symbios a déménagé en 1993 dans la zone industrielle des Petits-Champs, à Yverdon, puis à Y-Parc en 2007.
Aujourd'hui, relève Florent Plé, son entreprise est toujours seule en Europe, dans un marché mondial dominé par quatre géants américains, à produire des prothèses sur mesure. Ces dernières représenteront bientôt un tiers de sa production, mais son chiffre d'affaires n'atteint pas 1% du marché sur le Vieux-Continent, qui pèse près de 3 milliards de dollars. Son potentiel est donc très élevé, affirme-t-il, également au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Et, dans les cinq ans, la société prévoit de s'étendre en Asie-Pacifique. Avec 50% du marché mondial, les États-Unis sont particulièrement attractifs, mais Symbios n'y est pas présente car il faudrait engager de très gros moyens, selon le directeur, surtout pour les certifications des implants.
Normes plus sévères
D'ailleurs, tant en Europe qu'en Suisse, les normes sont également en voie de durcissement drastique sous l'effet de certaines affaires révélées par les Implants Files, au point, dit-il, que Symbios – comme tout le secteur des implants médicaux – doit retirer des produits de son assortiment car ils devraient repasser toute la chaîne d'autorisations pour être désormais validés dans les salles de chirurgie. Ceux-ci n'ont pourtant jamais posé problème.
Ingénieur de formation avant d'obtenir un MBA à HEC Lausanne, Florent Plé a un profil similaire à celui de son père. Il a rejoint l'entreprise en 2010 pour occuper différentes fonctions, avant d'accéder au poste de directeur adjoint. Il a repris les rênes de la société en avril 2017, dans des circonstances tragiques: le décès de son père, âgé de 69 ans, dans le crash d'un avion de tourisme au Portugal. «Nous étions sous le choc et nous avons dû assurer une gestion de crise. Mais le projet n'a pas changé. Nous avions prévu cette passation de pouvoir depuis longtemps, avec une transition simplifiée figurant dans un pacte successoral.» Le PDG, qui compte poursuivre l'œuvre des fondateurs, est aujourd'hui propriétaire unique de la société.
Doubler le chiffre d'affaires
Symbios fournit le matériel de 15 000 à 20 000 opérations de hanche et de genou par an, dont 4000 à 5000 sur mesure. Ses prévisions de marche des affaires sont très optimistes, puisque la firme, qui exporte 75% de sa production, compte doubler son chiffre d'affaires dans les cinq ans. Florent Plé prévoit l'engagement de nouveau personnel et il planche sur l'agrandissement, d'ici à quatre ou cinq ans, de l'usine orthopédique, où la robotique est déjà bien présente. «Notre projet, observe-t-il, est d'industrialiser le sur-mesure pour le rendre plus accessible à large échelle, en tenant compte de la réalité économique de la santé.»
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