Syrie, Turquie et Égypte: la folle journée de Poutine le «pacificateur»
Le chef du Kremlin se pose en homme de la stabilité et du dialogue au Proche-Orient.

Le matin en Syrie, l'après-midi en Égypte, le soir en Turquie… Vladimir Poutine a eu lundi une journée très dense sur le front diplomatique. «Au-delà de l'aspect spectaculaire de cette tournée, préparée depuis longtemps, c'est la preuve que le chef du Kremlin veut sur le terrain inscrire sa stratégie dans la continuité», prévient Fedor Loukianov, rédacteur en chef du journal La Russie dans la politique globale et fin connaisseur du pouvoir moscovite.
1) Retrait des troupes en Syrie
En Syrie, Vladimir Poutine a d'abord fait une visite surprise sur la base aérienne russe de Hmeymim. Quatre jours après que l'armée russe a déclaré que le territoire syrien avait été «totalement libéré» du groupe État islamique (Daech), le président russe est venu non seulement «féliciter» ses troupes mais surtout ordonner le début de leur retrait. Avec pour objectif: passer à la phase politique. Tout en continuant de soutenir Bachar el-Assad, avec qui il s'est entretenu sur place.
2) Tractations à Ankara
Quelques heures plus tard, Vladimir Poutine était pourtant dans le bureau de l'un des plus virulents adversaires du président syrien: son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. Les deux hommes, qui se sont déjà vus sept fois cette année, se sont retrouvés à Ankara. Les deux présidents s'efforcent depuis des mois de s'entendre sur la transition politique malgré leurs positions diamétralement opposées sur Bachar el-Assad. «Avec ce voyage, Poutine prouve une fois de plus qu'il est le seul chef d'État à pouvoir rencontrer tous les acteurs de la crise syrienne et, après les succès militaires, à pouvoir faire progresser le front politique», rappelle Fedor Loukianov.
L'activisme diplomatique de Vladimir Poutine, qui a aussi récemment rencontré son homologue iranien, Hassan Rohani, n'a toutefois pas réussi jusque-là à faire émerger un compromis. Le Kremlin reste contraint de repousser sine die son projet d'organiser en Russie un «congrès syrien pour le dialogue national» incluant les forces prorégime et le sceptre de l'opposition.
3) L'enjeu de Jérusalem au Caire
La rencontre au Caire avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, étape intermédiaire de la folle journée de Vladimir Poutine lundi, intervient après que Moscou a exprimé haut et fort sa «sérieuse préoccupation» face à la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël. En se rendant dans l'Égypte voisine, voyage envisagé de longue date au Kremlin, le président russe (qui s'est pourtant récemment entretenu au téléphone avec le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou) a pu réitérer ses appels à la «retenue» face aux risques de nouvelles escalades de tension et de violence dans la région. Et appeler à la reprise des négociations israélo-palestiniennes.
4) Faiseur de paix?
«Avec l'Égypte comme avec la Turquie, Moscou a certes de nombreux différends bilatéraux à régler. Mais ses visites lundi ont permis à Poutine d'envoyer un signal: alors que Washington se recentre sur ses vieux alliés, la Russie veut œuvrer à un large dialogue», insiste Fedor Loukianov. Avec pour ambition pour le chef du Kremlin et de l'opération militaire en Syrie: s'imposer en faiseur de paix au Proche-Orient.
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