Sorties livres et BDTati s’éclate en bulles, Causse se voit en couleurs et autres hurluberlus
Le double de «Monsieur Hulot» se révèle dans une BD étonnante et autres découvertes du week-end.

Tati, ça se dessine aussi
Bande dessinée En 1954 dans «Les Cahiers du cinéma», François Truffaut critique durement ce qu’il nomme «la crise d’ambition du cinéma français». Sur 89 réalisateurs connus, il ne distingue que neuf véritables auteurs. Dont Jacques Tati. Habilement contextualisée, l’anecdote figure dans l’excellent roman graphique «Tati et le film sans fin».

Scénariste inspiré, Arnaud Le Gouëfflec éclaire l’univers décalé d’un réalisateur parfois éclipsé par son personnage de Monsieur Hulot. Des débuts du jeune Tatischeff, déjà habile pour saisir les situations burlesques du quotidien aux derniers métrages tournés par un cinéaste ruiné, son récit documenté, vivant, montre l’homme derrière la légende. Le dessin élégant et poétique d’Olivier Supiot («Marie Frisson») participe à la réussite d’un album inscrit dans une collection BD dédiée au cinéma. PMU

«Tati et le film sans fin»
Le Gouëfflec et Supiot
Ed. Glénat, 136 p.
Trois mois au sommet d’un chêne
Roman graphique Fatigué du monde, le cœur serré par un lierre d’angoisses, émule de Cyrano de Bergerac qui ne voulait plus que les arbres pour amis, Edouard Cortès largue famille, job et civilisation pour s’enfoncer dans la forêt.
Membre de la Guilde du Raid, fondateur avec Sylvain Tesson des Cafés de l’aventure, reporter indépendant, grand marcheur qui couvrit Paris-Jérusalem avec sa femme comme voyage de noces, il se raconte en perdition à la quarantaine. Et pour se retrouver, il vise haut.

Ainsi en accord avec sa tribu, le bourlingueur s’est ancré trois mois en solitaire dans une cabane sur un chêne. Sans réseaux sociaux ni tapage humain, l’ermite entame alors la remontée psychique, se réconcilie avec «le monde d’en bas».
Illustré par Dominique Mermoux, le roman graphique de cette traversée intime touche par sa sincérité; de ses impuissances en victoires, une simplicité totale qui touchera les ados autant que leurs parents. CLE
«Par la force des arbres»
Edouard Cortès
Éd. Rue de Sèvres, 120 p.
Tout savoir des couleurs de la science à la poésie

Essai Venu de la pub, désormais designer, Jean-Gabriel Causse se passionne pour la polychromie – un comble pour le natif de Rodez, ville de Soulages, le prince sombre. Mêlant les «Voyelles» arc-en-ciel de Rimbaud à l’humour noir de Dac, le créateur brasse tous les paradoxes, sa palette accueillant observations scientifiques, anthropologiques, etc.

À chaque être sa couleur, d’ailleurs, les antilopes voient les tigres en vert. Dans ce charivari impressionniste, le disciple de Michel Pastoureau suit son conseil: «La couleur n’existe que parce qu’on la regarde.» Et d’aussitôt étoffer cet argument de mille brillances, teintes, nuances, saturations.
Les vérités étonnantes chatoient ici, du «Marrs Green», couleur la plus appréciée du monde, au jaune, phare de l’intelligence. Certains comportements en deviennent même lumineux. CLE
«L’étonnant pouvoir des couleurs»
Jean-Gabriel Causse
Éd. Flammarion, 207 p.
Cousteau sous le bonnet
Pionnier de l’océanographie en France, le commandant Cousteau n’a pas été à ses débuts, dans les années 60, le médiatique défenseur de l’environnement marin qu’il incarna par la suite. Dans les années 80, il rédigea en effet une déclaration des droits des générations futures à disposer d’une «terre indemne et non contaminée», qui parlera aux jeunes militants du climat aujourd’hui. Cependant, certains épisodes de la série télévisée «L’odyssée du commandant Cousteau» à bord de la Calypso, diffusés aux États-Unis et en France notamment, contiennent des séquences de maltraitance animale qui les choqueraient aujourd’hui.

L’intérêt de la biographie que lui consacre Jill Gasparina, enseignante à la HEAD-Genève, est de fournir de nombreuses perspectives et mises en contexte des nombreux projets de Cousteau. Quel était l’état de la conscience écologique à l’époque? Quels progrès technologiques et utopies marines ont fait de l’icône au bonnet rouge un innovateur, un sensibilisateur et un découvreur?

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