Sorties cinéma«The Fabelmans», «Les choses simples»: quels films aller voir cette semaine?
«The Fabelmans», «Les gardiennes de la planète», «Matter out of place»… tous les genres et encore beaucoup d’autres pour les vacances!
«The Fabelmans», d’ores et déjà un classique

À partir de quel instant précis de l’existence peut-on faire remonter la naissance d’une passion? L’adolescence, la petite enfance? C’est précisément à cette question intime, voire secrète, que tente de répondre «The Fabelmans», le film le plus personnel de Spielberg. Une mise à nu qui emprunte à la reconstitution historique, à cette Amérique de l’après-guerre qui renaît de ses cendres. Le classicisme y devient une clé de lecture, presque une figure de style.
Passant à travers les différentes étapes de la vie d’un enfant, gosse puis ado harcelé (autant de séquences qu’il désamorce avec une subtilité désarçonnante), jusqu’à son entrée en cinéma symbolisée par sa rencontre avec John Ford, Spielberg reste ce maître de la narration qu’il a toujours été. Souvent servie par des artifices, qu’on appelait encore récemment effets spéciaux, cette narration se donne au premier degré, sans subterfuges.
Cette sincérité est essentielle dans son cinéma. «The Fabelmans», même s’il ne le revendique pas, pourrait être un film testamentaire. Moins cher que d’autres productions – il n’a coûté que 40 millions de dollars – c’est aussi un film sans énormes stars. Mais dieu que Gabriel LaBelle, Michelle Williams, Paul Dano et Seth Rogen sont justes. D’ores et déjà un classique.
Note: ****
«Les gardiennes de la planète», splash!

Jean-Albert Lièvre, ancien d’«Ushuaia» avec le pionnier Nicolas Hulot, cède à la magie des baleines. Inspiré par le poème de Heatcote Williams, «Whale Nation», le cinéaste part d’un cétacé échoué et remonte une histoire vieille de 50 millions d’années. Filmant en équipe réduite, le documentariste milite évidemment pour plus d’écologie et de respect de l’environnement. Mais réalisée avec des bonnes volontés venues de tous les continents, cette plongée évite l’écueil d’images à la beauté sophistiquée pour toucher à la rudesse des éléments.
Des équipes locales de Tonga au Kamtchatka, des opérateurs commissionnés de l’Antarctique à Hawaï complètent les images récoltées par les Français. Jean Dujardin assure le commentaire sur une bande-son mêlant chant des baleines, Seal ou le Kronos Quartet. Pour mémoire, la Journée mondiale des baleines bleue, grise, à bosse ou cachalot, c’était le 18 février. Sans grand écho malheureusement.
Note: **
«Les choses simples», c’est toujours plus compliqué

A priori, rien de plus simple. Un lanceur de start-up millionnaire cherche à séduire un biologiste reclus dans son alpage. Comme dans les vieilles marmites de scénariste fatigué, la combinaison des extrêmes semble éculée. «Les choses simples» y ajoute un petit supplément d’âme en s’autorisant de coquets ressorts dramatiques.
Ainsi, le businessman hyperactif, loin d’incarner le cynique capitaliste bas de plafond, se révèle un esthète aux curiosités multiples. Son interlocuteur, dans sa solitude marquée par une époque qui minute chaque émotion, finira par déboutonner, lui aussi, un profil loin des clichés.
Le réalisateur Eric Besnard instille sans cesse des subtilités dans leur amitié contrariée, un léger parfum romanesque qui évoque la camaraderie virile dont parlait Malraux et flirte avec la sensualité. Lambert Wilson et Grégory Gadebois excellent sur cette partition qui ne vous fera pas perdre votre temps.
Note: ***
«Le serment de Pamfir», du carnaval à la tragédie

Premier film de l’Ukrainien Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, «Pamfir» tourbillonne autour de Leonid, surnommé Pamfir – littéralement «pierre». Rentré au foyer après de longs mois, le colosse se heurte à la dureté des lieux et, malgré ses aspirations à une vie honnête, n’échappera pas à la constante violence de cette région des Carpates.
Ainsi, selon un schéma qui sent le déjà-vu, tiraillé entre les vœux religieux de son épouse et les rites païens de la communauté, le repenti ne le reste pas longtemps et cède à la pression mafieuse. Pour sauver son fils, le père se retrouve aspiré dans un cercle vicieux infernal, amené à se sacrifier pour rompre des rites païens bestiaux et des peurs basées sur l’ignorance.
Sans crainte de souligner, le réalisateur brosse une toile digne des maîtres primitifs flamands, dans un carnaval fantastique où les hommes se déguisent en boucs, ours ou loups, pour aboutir à une tragédie grecque. C’est peut-être beaucoup.
Note: **
«Matter out of Place», rebuts d’humanité

Il y a une trentaine d’années, Nikolaus Geyrhalter filmait déjà les bords de son Danube pour comprendre le mode de vie de ses compatriotes. Les traces laissées par les riverains, et pas forcément des immondices, en disaient long sur leur identité, moines bouddhistes ou pêcheurs professionnels. Depuis ce «Washed Ashore», le Viennois n’a cessé d’élargir le cadre.

«Matter out of Place» recense dans une étrange photographie de la planète la folie des hommes qui produisent des déchets sans savoir les maîtriser. Rien de neuf dans les décharges, qu’il s’agisse des mers polluées en Grèce ou aux Maldives, des montagnes de Suisse ou du Népal, etc. Patrice Leconte, entre autres, avait déjà filmé ces rebuts d’humanité. À force d’accumuler ces films, une déflagration mentale salutaire se produira-t-elle? De quoi y réfléchir en sortant les poubelles.
Note: ***
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