«Tout ce qu'il y a dans ce film, c'est ma vie»
Après «LOL», Lisa Azuelos livre «Mon bébé». Misère!
Il y a une décennie, Lisa Azuelos, réalisatrice et scénariste, initiait les adultes au langage codé des mômes avec «LOL». Qui ont ri de concert, haut et fort, au point que fait rare, cette chronique des temps modernes s'exporte en remake aux États-Unis. Toujours d'époque, la Parisienne reprend la température des quartiers bourgeois bohème avec «Mon bébé». Ou les petites misères d'une mère divorcée, battante indépendante aisée, qui voit sa cadette, 18 ans, quitter le nid. «Ce film, c'est ma vie» plaide la cinéaste. Quelques ajustements marquent depuis le premier épisode. Ainsi, la fille de l'auteur, Thaïs Alessandrin, joue son propre rôle, tandis que la blonde Sandrine Kiberlain a remplacé la brune Sophie Marceau.
Pourquoi ne pas avoir repris Sophie Marceau?
Je n'y ai même pas songé. Je voulais vraiment changer, ne pas tourner la suite de «LOL». Et Sandrine Kiberlain me sidère, incroyable et surprenante dans sa manière de décaler sa propre expérience de mère dans des scènes où je laissais la caméra tourner.
Fonctionnez-vous beaucoup sur cet élément de réalité?
J'ai cette musique du réel en live dans la tête, même si les scènes, souvent piquées à des situations vécues, étaient très écrites. Ce côté «super dialogue», qui marque une génération, «focuse» l'attention, vient de la rue.
Ces enfants à qui vous dites «mon moineau, mon chat», sont-ils la proie ou le prédateur?
Les deux sans doute! Le film pose ces questions. Même indépendante de nos jours, une femme qui soudain, voit ses bébés partir, se retrouve seule. Toujours très occupée mais seule. Car la maternité reste la plus grande aventure humaine.
Dix ans après «LOL», la mère a pris à sa fille la manie du portable. Ça en dit long sur les mœurs contemporaines?
Nous passons notre vie à nous photographier et à balancer des textos. Je me suis retiré des réseaux Facebook et autres mais je vois combien cela reste difficile d'y échapper. J'aimerais tant survivre uniquement grâce au disque dur de ma mémoire, me libérer de cette pression constante. Mais je pense parfois avec horreur que tout ce qui n'a pas été enregistré sur Wikipédia sera perdu à tout jamais, retourné au néant. C'est ce que je montre dans la séquence où la mère perd son portable. Alors qu'elle croyait avoir perdu toute sa famille dans l'incident, la tribu vient à son secours.
Pourquoi citer «Le mépris» de Godard avec abondance?
Oh, ça… Ma fille est folle de Jean-Luc Godard, comme de Louis Malle ou la Brigitte Bardot de cette époque. Elle a voulu rendre son petit hommage.
Cela vous a-t-il étonnée?
Thaïs m'étonne tout le temps. Ainsi, elle a voulu étudier l'Antiquité pour «comprendre les choses d'un autre monde». Ces jeunes n'ont pas notre image vieillotte de la planète, ils jouent en ligne à travers les frontières. Cela les découragera de perpétuer les mêmes guerres. L'autre truc, c'est que trempée dans internet, leur génération est aussi fascinée par la mémoire inviolée par la technologie. Une ère où les gens se parlaient pour du vrai leur semble du caviar précieux. Bientôt, il y aura des cures sans internet, comme les Alcooliques Anonymes.
Ça existe déjà, non?
Sans doute. D'ailleurs, le nouveau luxe, c'est d'aller dans des resorts sans pouvoir se connecter, comme jadis quand on allait dans des hôtels sans télé pour vivre à la Robinson Crusoé. Les consciences sont en train de s'élever, ce n'est pas une utopie. Maintenant, est-ce que ce sera vers la lumière ou l'ombre? À voir.
Comédie (Fr., 87', 10/14) Cote: **
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