Le sol qui se met à bouger. Les meubles qui se renversent. Et la maison qui finit par s’écrouler. Ces images sont souvent associées à des régions lointaines. Pourtant la Suisse n’est pas à l’abri d’un tremblement de terre: elle enregistre chaque année entre 1000 et 1500 secousses, même si les mémoires ne retiennent que le séisme qui a frappé le Valais en 1946. Le risque est à prendre au sérieux.
L’Office fédéral de la protection de la population classe les tremblements de terre au deuxième rang des risques naturels. Même s’il est éloigné des failles alpines, le canton de Vaud figure parmi les régions exposées, en particulier le Chablais et la Riviera. Un séisme peut se produire dans notre pays à tout moment. À défaut de prévoir il faut donc prévenir, d’où l’idée de relancer la solution d’une assurance contre les tremblements de terre. Car la couverture actuelle des risques naturels n’est pas suffisante.
«Un projet innovant qui sera débattu au National lors de la session qui commence.»
À l’heure actuelle, la Suisse ne dispose pas d’une assurance obligatoire contre les séismes. Ces vingt dernières années, il y a eu plusieurs tentatives d’introduire une telle disposition, sans succès. Or la proposition resurgit au parlement: en mars dernier, le Conseil des États a approuvé une motion qui suggère une alternative à une assurance obligatoire au niveau fédéral. Un projet innovant qui sera débattu au National lors de la session qui commence.
La motion demande au Conseil fédéral d’étudier l’opportunité de mettre en place une assurance suisse contre les tremblements de terre au moyen d’un système d’engagements conditionnels. Une prime unique ne serait payée qu’en cas de séisme majeur. Contrairement à une assurance traditionnelle, les propriétaires seraient exemptés du paiement annuel des primes. C’est une proposition judicieuse, qui permet d’aller de l’avant, tout en instaurant une solidarité nationale entre les propriétaires. De plus, les capitaux ne seraient pas immobilisés. Des avantages indéniables.
Pendant treize ans, j’étais en charge des dangers naturels, en tant que ministre vaudoise de l’Environnement. J’ai vu comment une inondation, un glissement de terrain peuvent être à l’origine de tragédies personnelles et entraver l’économie de la région touchée.
Des milliards de dommages
Le Service sismologique suisse estime que le prochain grand tremblement de terre causera des dommages pour 10 à 120 milliards d’ici à 2050. Et il risque d’affecter l’ensemble de notre économie, compte tenu de son interdépendance. Cela rend une assurance encore plus indispensable.
La crise du coronavirus nous a montré qu’un événement rare peut se produire. Et la nature nous rappelle régulièrement qu’elle ne sera jamais complètement domptée. Le risque zéro n’existe pas: nous restons vulnérables. Préparons-nous à affronter ce risque, renforçons nos capacités d’adaptation et d’anticipation, et protégeons notre population.
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L’invitée – Tremblement de terre: protégeons la population
Jacqueline de Quattro souhaite la création d’une assurance en cas de séisme.