Témoignages d’abus sexuelsUn audit sur la compagnie Alias est demandé à la Ville de Genève
Le Syndicat suisse romand du spectacle et un groupe d’artistes souhaitent que Genève fasse la lumière sur les agissements du directeur. La Ville se dit favorable à cette analyse.

Arts_Sainement et le Syndicat suisse romand du spectacle (SSRS) demandent à la Ville de Genève un audit pour faire la lumière sur les agissements du directeur de la compagnie Alias, détaillés dans un article du «Temps» mercredi. L’homme a été condamné fin août par le Tribunal de Lausanne à cinq mois de prison avec sursis pour attouchements sexuels. La Ville se dit favorable à une analyse.
«Aujourd’hui paraît un article dans Le Temps dans lequel plusieurs ex-danseuses témoignent à visage découvert», écrit le groupe d’artistes indépendants Arts_Sainement et le SSRS mercredi dans un communiqué. Ils soulignent que plusieurs personnes ont témoigné auprès d’eux de «leurs expériences avec ce même chorégraphe mentionnant d’autres potentielles situations abusives».
Ville favorable
La Ville de Genève a pris acte de la demande d’audit. Elle est bien entendu favorable à une démarche d’analyse conjointe pour comprendre les faits et pour prévenir des agissements de ce type, a relevé mercredi Félicien Mazzola, porte-parole du Département de la culture et de la transition numérique
La Ville précise avoir déjà entrepris des démarches, en lien avec les syndicats, quant à la protection des salariés de la culture. Notamment par le biais de l’instauration de personnes de confiance (médiateurs, juristes, psychologues) à qui s’adresser en cas de problème. Elle rappelle qu’Alias était conventionnée jusqu’en 2020 par la ville, le canton, Pro Helvetia et la commune de Meyrin.
En 2021, la compagnie a reçu uniquement une subvention annuelle, ce pour des raisons artistiques. Il existe d’ailleurs un article spécifique qui remet en question ce soutien en cas de harcèlement, a-t-il ajouté.
Aussi au Grand Conseil
Une motion co-écrite par Arts_Sainement et Ensemble à Gauche a été d’ailleurs été déposée au Grand Conseil genevois fin août 2021. Axée sur la prévention, elle demande la mise en place d’outils pour lutter efficacement contre les agressions, le harcèlement et les discriminations dans les domaines des arts, de la culture et des sports.
Le syndicat poursuit lui ses efforts pour que finisse l’omerta dans ce milieu. «Un questionnaire va être envoyé aux personnes travaillant dans le milieu artistique», a souligné Anne Papilloud, secrétaire générale du SSRS. Et le syndicat va poursuivre ses efforts pour l’instauration de personnes de confiance dans ce milieu qui n’en compte guère.
Compagnie en suspension
Après le jugement, le comité de l’Association Alias a décidé d’entendre tous les collaborateurs de la compagnie. Une fois les auditions faites, il a estimé que le lien de confiance avec le directeur était rompu, a-t-il communiqué mercredi à Keystone-ATS.
À cela s’ajoute le fait que les bailleurs de fonds publics ont cessé de subventionner la compagnie le temps de la procédure. À mi-septembre, le comité a décidé d’entente avec les collaborateurs de mettre fin à tous les rapports de travail, y compris celui du chorégraphe et directeur d’Alias.
Tout est donc suspendu, relève le comité. Il communiquera ultérieurement sa prise de position sur cette affaire, ainsi que sur l’avenir de la compagnie.
Témoignages accablants
Dans son édition de mercredi, le Temps rapporte une dizaine de témoignages. Des danseuses notamment évoquent des abus et attouchements sexuels de la part du directeur et chorégraphe de la compagnie Alias, ce depuis une vingtaine d’années. Le chorégraphe réfute dans l’article avoir eu des comportements abusifs.
En novembre 2018, une jeune danseuse qui avait participé à un stage donné par le directeur a déposé une plainte contre lui. Fin août 2021, le Tribunal d’arrondissement de Lausanne l’a condamné à 5 mois de prison avec sursis pour acte d’ordre sexuel sur personne incapable de résistance. Le chorégraphe a fait appel de cette condamnation.
Également à Lausanne
Dans le milieu de la danse, l’omerta commence à se briser quant aux comportements inappropriés. Un audit global est en cours au Béjart Ballet Lausanne, également suite à des témoignages de harcèlement sexuel et moral. Plusieurs licenciements ont déjà eu lieu.
ATS
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