Dans les milieux LGBTIQ+, la colère ne faiblit pas. Depuis huit jours, sur les réseaux et à coups de communiqués, les messages se multiplient pour dénoncer un reportage de «Temps présent» consacré à la «détransition», sur RTS1. Il attiserait le discours haineux à l’égard des personnes trans et non binaires, véhiculerait des «informations infondées» sur cette thématique et violerait les règles de déontologie journalistique.
La détransition? Ce terme désigne le fait d’interrompre une transition de genre. Celle qui permet, par exemple, à une fille mal dans sa peau et dans son sexe de s’affirmer en tant que garçon.
Il arrive en effet que des personnes engagées dans ce processus social, voire médical, regrettent leur choix et décident de revenir en arrière. «Temps présent» livre des témoignages forts, recueillis en Suisse, en France et en Espagne. Il interroge des experts et des parents inquiets de voir leur progéniture emprunter un chemin périlleux.
Intrigué par les critiques visant cette émission, je l’ai regardée avec un double intérêt. Celui du citoyen ignorant les réalités transgenres et celui du professionnel de l’information. Mon sentiment? Elle apporte un éclairage intéressant sur un phénomène méconnu, troublant et controversé. Les auteurs le décrivent sans chercher à en exagérer l’ampleur: ils relèvent à plusieurs reprises que les cas de détransition sont très rares.
«Quand le discours s’écarte de leur vision du monde, les activistes menant ce combat crient à la désinformation et au complot. C’est du délire.»
Si malaise il y a, c’est parce qu’on n’entend à aucun moment les professionnels de la prise en charge de ces personnes, ni les associations militantes. Or, cela n’a rien à voir avec de la négligence journalistique: «Temps présent» les a contactés, parfois interviewés, mais tous ont refusé d’être associés à une enquête qu’ils jugeaient dès le départ biaisée et outrancière.
C’est regrettable, car ils auraient pu détailler l’accompagnement des personnes en quête d’identité de genre. Ils auraient pu contester ou nuancer des propos tenus par les protagonistes et leur entourage. Et répondre au point le plus inquiétant: la pression que semblent subir certains jeunes, de la part de la communauté LGBTIQ+, pour accomplir une transition. Une mère parle ainsi de la «propagande trans», à laquelle a été confrontée sa fille. Une autre, de méthodes «sectaires». Un sociologue évoque même une «contagion sociale» favorisée par les réseaux sociaux.
Au lieu de cela, ces mêmes spécialistes et militants ont préféré appeler au boycott de l’émission. Durant sa diffusion, le 2 mars, des appels à manifester devant la tour de la RTS à Genève ont essaimé sur Instagram. Puis le flot des récriminations s’est abattu sur les journalistes et producteurs, accusés d’avoir falsifié la réalité.
Le «New York Times» aussi
Cette tempête n’est pas un cas unique. Tout récemment, deux collectifs ont accusé le «New York Times» d’avoir donné trop d’écho à l’idée selon laquelle le nombre croissant d’adolescents en questionnement de genre proviendrait d’un effet de mode. Ils lui reprochent aussi d’avoir mis en lumière des cas de détransition, nourrissant une «panique» injustifiée. Le prestigieux quotidien américain a dû défendre publiquement son travail – sans parvenir à éteindre la polémique.
Les activistes menant ce combat desservent leur cause. Quand le discours s’écarte de leur vision du monde, ils crient à la désinformation et au complot. C’est du délire. Du dogmatisme pur. Et une dérive dangereuse.
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La rédaction – Un boycott regrettable de la part des militants LGBTIQ+
En refusant de participer à un reportage de la RTS sur la «détransition» de genre, les principaux concernés desservent leur cause.