En politique comme ailleurs, il n’est jamais agréable de perdre ou de ne pas gagner. En politique comme ailleurs, il y a ceux qui le font avec une certaine hauteur et d’autres qui se laissent aller verbalement. On a longtemps cru que la petite phrase assassine à la suite d’un résultat accablant était réservée à nos voisins français sur les plateaux de télévision les dimanches soir suivant les élections. Mais ces derniers jours, nous avons eu droit à un florilège qui correspond finalement bien peu à nos mœurs.
Comment, par exemple, le conseiller national socialiste Roger Nordmann peut-il lâcher «Il y a un vrai risque que la Chambre des cantons devienne très réactionnaire sous l’impulsion de l’alliance du fric et du fumier» chez nos confrères de «La Liberté»? Oui, la formule est choc. Oui, elle est insultante, notamment pour les gens de la terre. Elle l’est aussi pour l’électeur. Si le PS a perdu en deux ans la moitié de ses sièges au Conseil des États, c’est aussi qu’il n’a pas été à la hauteur de certaines de ses promesses.

Comment, par exemple, l’ancienne conseillère d’État Verte genevoise Fabienne Fischer peut réagir à sa non-réélection par un «La démocratie est en danger» dans les colonnes du «Temps»? Comme si la perte d’une majorité – de gauche en l’occurrence – au sein d’un gouvernement cantonal, dans un pays qui vit de coalitions et de concordance, devait signifier l’arrivée d’une dictature. Comment, par exemple, Jessica Jaccoud (PS/VD), pourtant avocate, ou Antonio Hodgers (GE/Verts) peuvent utiliser le mot de «corruption» à l’encontre de Pierre Maudet alors que le Tribunal fédéral l’a condamné pour «acceptation d’un avantage» ? Les deux délits sont pourtant parfaitement distincts dans le Code pénal suisse.
Comment, par exemple, Niels Rosselet‑Christ, candidat neuchâtelois au Conseil national, président de la section cantonale de l’UDC, peut-il traiter l’agriculteur et ancien ministre Fernand Cuche de «partisan du terrorisme climatique et de la destruction de la propriété privée»? Rappelons le but du terrorisme: tuer des gens. L’activisme climatique tue certainement moins que le refus d’accueillir des réfugiés qui meurent en Méditerranée. La barque migratoire est moins pleine que les canots précaires qui coulent au large de l’Afrique.
Si les mots n’ont plus de sens et que l’on tient vraiment à imiter ce qui se fait du côté de Paris, on se réjouit de voir Alain Berset poser en une de «Pif Gadget» comme Emmanuel Macron. Ou Guy Parmelin se mettre au roman érotique à l’instar de son homologue à l’Économie, Bruno Le Maire. Lequel, dans «Fugue américaine», nous gratifie d’un dialogue mâtinant le film X et la série B. «L’élégance est la seule beauté qui ne se fane jamais.» disait Audrey Hepburn.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Éditorial – Un candidat ne devrait pas dire ça